Face à la hausse du recours, médical ou non, à la kétamine, l’ANSM rappelle les bonnes pratiques

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Publié le 30/08/2023

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Alors que le recours à la kétamine est croissant, que ce soit dans un cadre médical ou pour un usage festif ou sexuel (chemsex), les remontées des centres de pharmacovigilance (CRPV) et d’addictovigilance (CEIP) font état d’une augmentation du nombre de complications, « le plus souvent graves, après (une) utilisation prolongée ou répétée », mais aussi du nombre de cas d’abus, de mésusage et de dépendance, alerte ce 30 août l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Utilisée pour la prise en charge des douleurs rebelles en soins palliatifs, voire des douleurs chroniques (usage hors autorisation de mise sur le marché, validé par des recommandations), la kétamine peut, en cas de prise prolongée et/ou répétée, entraîner des atteintes hépatobiliaires (à type de cholestase ou cholangite) et uro-néphrologiques (cystite non infectieuse, cystite interstitielle, insuffisance rénale aiguë, hydronéphrose), est-il rappelé. Sa prescription est ainsi limitée à 28 jours.

Les professionnels concernés par ces prescriptions (anesthésistes-réanimateurs, centres de prise en charge de la douleur, centres de prise en charge de brûlés, urologues, hépatologues et néphrologues, rhumatologues urgentistes, pédiatres, addictologues, centres de transplantation hépatique, HAD et pharmaciens hospitaliers) sont ainsi invités à respecter les posologies, à lire attentivement les mentions relatives aux concentrations figurant sur les ampoules et à limiter l’exposition dans le temps.

Une surveillance recommandée des fonctions hépatique et rénale

Aussi, une surveillance de la fonction hépatique est recommandée en cas de prise répétée ou prolongée (bilan hépatique complet transaminases, GGT, PAL et bilirubine). De même pour la fonction rénale et la cytologie urinaire. « La survenue d'une hématurie constitue un symptôme d'appel pour le dépistage d'une atteinte du tractus urinaire », rappelle l’ANSM. Plus généralement, la survenue d’atteintes hépatobiliaires et/ou uro-néphrologiques doit orienter le diagnostic vers un usage répété de kétamine dans un cadre médical ou non médical, poursuit l’Agence.

Les professionnels sont également incités à encourager les patients à l’autosurveillance des signes d’une atteinte du tractus urinaire : apparition de sang dans les urines ou de douleurs pelviennes. En cas de traitement à domicile, il doit être rappelé au patient la nécessité de rapporter les ampoules non utilisées à la pharmacie hospitalière ou à la pharmacie d’officine, « compte tenu du potentiel risque d’abus et d’usage détourné de la kétamine », insiste l’ANSM.

Pour rappel, tout effet indésirable peut faire l’objet d’une déclaration sur le site de l’ANSM.


Source : lequotidiendumedecin.fr