Ces jours passés à l’Académie de Médecine, M. le Pr Robin faisait une communication des plus intéressantes à propos des médicaments importés d’Allemagne en France.
Les Allemands, disait-il en substance, ont eu le talent de prendre un certain nombre de médicaments les plus usuels, de leur donner des noms de fantaisie et de les imposer, sous cette dénomination nouvelle, à notre attention. Or, d’une part, beaucoup de ces médicaments ont été découverts en France. D’autre part, il n’y a pas seulement une question de priorité et de concurrence ; le mal se double d’une augmentation formidable du prix de ces produits que nous payons couramment sous leur nom allemand, dix fois au moins leur valeur. C’est un tribut annuel de plusieurs millions que nous payons bénévolement à l’Allemagne pour ces médicaments dont la plupart sortent de nos laboratoires, et cependant on ne peut attacher aucune valeur légale aux marques commerciales qui les caractérisent. L’heure apparaît propice à se débarrasser de cet impôt inacceptable. Il faut que médecins et pharmaciens français renoncent à la prescription et à la délivrance de ces produits. C’est un devoir absolu qui s’impose à eux.
Cette communication de l’éminent professeur, la chose ne fait point de doute, répond à une très juste préoccupation de l’heure présente.
De divers côtés, du reste, médecins et pharmaciens ont déjà commencé à s’en préoccuper et à rechercher les moyens d’apporter remède à une situation qui cause à notre pays un si grand préjudice.
C’est ainsi, en particulier, que voici déjà plusieurs semaines le Syndicat des pharmaciens de la Gironde et le Syndicat des médecins de la Loire ont entrepris une campagne de boycottage contre les produits allemands et ont, dans ce but, fait placarder des affiches indiquant les principaux produits d’origine allemande qu’il importe de remplacer par des produits français préparés dans nos laboratoires. C’est ainsi que le groupement des pharmaciens de Rouen et de la région rouennaise a invité tous les pharmaciens de France à se refuser désormais à vendre les spécialités et les eaux minérales allemandes et austro-hongroises, et que, plus récemment, le président du Syndicat des médecins de l’arrondissement de Beaune et vice-président de l’Union syndicale des médecins de la Côte-d’Or, a adressé à tous les membres de son syndicat une circulaire les invitant à ne jamais recommander les produits médico-pharmaceutiques et alimentaires austro-allemands.
(La Gazette Médicale de Paris, janvier 1915)
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