La polémique autour de l’usage du « non substituable » est sans doute repartie pour un tour. On se souvient que, l’année dernière, les pharmaciens avaient été sommés par l’Assurance Maladie de ne pas respecter la mention « non substituable » si celle-ci n’avait pas été écrite au long et à la main par le médecin. La tension est depuis retombée mais ces deux petits mots font de nouveau l’objet de controverses.
Le Gemme prend les devants
C’est d’abord le GEMME qui a relancé le débat il y a peu. « Le problème de sous-utilisation des médicaments génériques ne tient ni à leur prix ni à la substitution [..] mais à la prescription », indiquait, il y a dix jours, son dernier communiqué. Face à un recul de la vente de ces molécules que le Gemme évalue à 2% en volume et de 8% en valeur sur le premier trimestre, cette fédération demandait au gouvernement « des mesures fortes sur la prescription médicale » pour booster les ventes de génériques.
Le Gemme préfère donc prendre les devants et suggérer d’autres pistes d’économies, quitte à pénaliser les prescripteurs. Cette suggestion s’est déjà heurtée à une vive hostilité de la CSMF. Mais il faut croire qu’elle a été entendu par le directeur de l’Assurance Maladie. Frédéric Van Roekeghem a expliqué la semaine dernière au cours d’une commission paritaire nationale des pharmaciens que les médecins qui abusent de la mention « NS » seront sanctionnés. Le président de la section professionnelle des pharmaciens à la commission, François Martial, confirme les propos du directeur de la Cnamts. « Il a rappelé que des actions seraient prises au regard des taux de non prescription de génériques anormalement élevés. On estime en effet que celui qui a environ 30% de “NS” dans ses prescriptions abuse. »
Une enquête va donc être lancée par les caisses dans les mois à venir et les médecins « hors normes » seront convoqués et, au besoin, sanctionnés. Mardi, le patron de la Cnamts a confirmé cette intention à l’Agence France Presse. Mais en la ramenant à, un simple « signal » envoyé à certains prescripteurs. La Sécu, explique-t-il, a « ciblé 500 professionnels qui utilisent de façon décalée par rapport à leurs confrères la mention “NS” pour des molécules pour lesquels, a priori, il n’y a pas matière à le faire ».
Une pilule qui passe mal côté syndicats
Du côté des syndicats de médecins libéraux la pilule passe mal. D’abord sur la forme. Car beaucoup ont appris la nouvelle dans la presse. « Nous sommes les premiers concernés et nous sommes informés de rien », s’énerve Luc Duquesnel, président de l’Unof-CSMF. Et puis sur le fond, car on estime que ce sont d’autres raisons qui poussent le médecin à ne pas prescrire de génériques.
Le président de MG France, Claude Leicher, reconnaît qu’il y a bien « quelques médecins qui s’enferment dans cette logique du tout “NS” de façon idéologique » mais qu’ils sont minoritaires. Il estime avant tout que le maintien du “NS” reste « une nécessité médicale pour les prescripteurs ». Avant de pointer l’hôpital et les ordonnances des spécialistes avec lesquelles aucune modification n’est possible. « S’il y a abus, nous sommes prêts à en discuter mais, d’un autre côté, les médecins doivent pouvoir conserver leur liberté de prescription », répète le généraliste de la Drôme.
A la CSMF, on insiste davantage sur la nécessité de « redonner confiance aux Français dans les génériques ». « Il y a pour le médecin une forte pression de la part des patients qui viennent en consultation. Une campagne pour les génériques comme il y en a eu une pour les antibiotiques serait une bonne idée », propose son président, Jean-Paul Ortiz. à ses yeux, la faute reviendrait d’ailleurs en partie aux industriels. En cause, les ruptures de stocks des génériques qui seraient nombreuses, selon lui, et auxquelles les médecins seraient donc contraints de répondre en revenant aux princeps. Une communication des caisses sur le sujet est prévue pour cet été.
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