Les recrutements se sont accélérés en 2022 – pour la quatrième année consécutive – à un rythme inédit depuis 2005, se traduisant par quelque 2 800 « emplois nets » supplémentaires sur un an (+2,2 % de créations de postes en CDI et CDD), selon le syndicat des Entreprises du médicament (Leem), qui a présenté un rapport détaillé sur la situation de l'emploi dans l'industrie pharmaceutique.
Des effectifs en croissance mais…
Les effectifs totaux de l'industrie pharma ont atteint 106 038 salariés en 2022 (85% de CDI) , dont « 16 000 recrutements » l'an passé (tous contrats), plaçant le secteur au rang des plus dynamiques, un facteur d'autant plus notable qu'il concerne principalement des emplois qualifiés (au moins Bac+2) et non délocalisables. Les créations nettes d'emplois en CDI ont doublé sur un an et « 9 600 alternants » ont été formés en 2022 (+7%) – la quasi-totalité étant embauchés à la fin de leur cursus.
Surtout, sept entreprises du médicament sur dix ont vu leurs effectifs augmenter ou rester stables l'an passé. La durée moyenne de l'ancienneté est de 13,5 ans pour les CDI, signe de stabilité du secteur. Pour la première fois, la moyenne d'âge des salariés a légèrement diminué, grâce aux efforts d'insertion.
Le Leem insiste aussi sur l'effet d'entraînement de ces créations d'emploi puisqu'un emploi créé dans l'industrie pharma en crée trois autres dans les territoires concernés (fournisseurs, équipements, transports, etc.). Le secteur de la pharmacie pèse désormais 3,3 % dans l'emploi industriel en France – contre 2,5 % dix ans auparavant.
… des métiers en tension
Malgré la réindustrialisation soutenue par les plans France Relance (18 projets de rapatriement d'une production de principes actifs) et Innovation Santé 2030 (jusqu'à sept milliards d'euros à cet horizon), le secteur connaît certaines difficultés de recrutement, en particulier du côté des opérateurs de production, des techniciens de maintenance et des pharmaciens. « Sans ces derniers, c'est compliqué de faire fonctionner nos industries », souligne Florence Wawrzyniak, DRH France et Holding au sein du sous-traitant Unither Pharmaceuticals. Des liens et partenariats sont instaurés avec Pôle emploi, les écoles et facultés de pharmacie et d'ingénieurs, mais aussi avec les écoles professionnelles.
Certains métiers sont « particulièrement demandés », souligne le Leem : conducteurs de ligne, techniciens de bioproduction, responsables du contrôle qualité ou de l'assurance qualité, responsable des affaires réglementaires… Désormais, plus de 7 000 salariés (soit plus de 7% des effectifs) travaillent dans les 90 sites spécialisés dans la filière des biotechnologies.
4 313 euros de salaire moyen
Le panorama de l'emploi s'intéresse aussi aux pratiques de rémunération. Dans le secteur, le montant moyen des rémunérations totales est nettement plus élevé que dans les autres pans de l'industrie. Alors que la rémunération annuelle brute moyenne de l'ensemble des salariés du privé en 2021 s'élève à 39 852 euros (source Insee), elle dépasse 68 600 euros par an dans l'industrie pharmaceutique, avec toutefois des écarts extrêmement significatifs selon la classification des emplois. Dans l'industrie pharmaceutique, le salaire annuel moyen le plus bas est de 25 519 euros (groupe 1 des emplois les moins qualifiés), la moyenne la plus haute atteignant 366 500 euros (groupe 11). Au total, l'enquête fait état d'un salaire mensuel moyen de 4 313 euros (pour une médiane de 3 540 euros).
À noter le poids très important des compléments de rémunération (dans tous les groupes d'emploi du secteur du médicament) puisque 23 % des émoluments des salariés de la branche provient, en moyenne, de primes ou de tels compléments (intéressement, participation).
Inégalités hommes/femmes : des écarts de salaire qui se resserrent
Alors qu'elles sont largement majoritaires dans l'industrie pharmaceutique (56,4 % des effectifs), elles représentent désormais 47 % des plus hauts cadres des groupes 9 à 11 (dirigeant d'une entité, division, filiale, branche, etc.) – contre seulement 38 % en 2014. « Le plafond de verre sur les postes à hautes responsabilités est en train de disparaître », avance même le Leem. Reste que les femmes constituent en revanche 79 % des effectifs à temps partiel.
L'étude révèle aussi que les écarts de rémunération globale entre les femmes et les hommes « se réduisent » – avec toutefois une inégalité persistante de 3,2 % au bénéfice de ces derniers (en raison des primes, homogénéisation par rapport aux postes, avantages en nature, etc.). C'est surtout aux très hauts postes de responsabilité (emplois des niveaux 10 et 11) que le salaire médian des hommes reste nettement supérieur à celui des femmes.
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