Alors que la benzathine benzylpénicilline est à nouveau contingentée, la Société Française de Dermatologie (SFD) s’inquiète des conséquences potentielles de ces difficultés itératives sur le traitement de la syphilis et appelle les autorités à sécuriser davantage les approvisionnements.
Après plusieurs épisodes de pénurie, la production et la commercialisation de l’Extencilline avait repris en France en 2018, via le laboratoire Delbert. Mais depuis fin mars, la spécialité à 2,4 MUI est à nouveau en rupture de stock (avec une date de remise à disposition inconnue pour le moment), et le dosage à 1,2 MUI fait l’objet de tensions d’approvisionnement avec une distribution contingentée en ville comme à l’hôpital.
Dans ce contexte, le laboratoire Delbert a adressé fin mars un courrier aux médecins, les invitant à « réserver la prescription aux seules situations cliniques pour lesquelles la possibilité d’utiliser des alternatives thérapeutiques ne serait pas adaptée aux patients, en privilégiant le traitement de la syphilis ».
Peu de véritables alternatives
Pour mémoire, la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (Spilf) avait émis en 2017 des recommandations de substitution pour la syphilis.
Mais la pénicilline G est le « seul traitement de la syphilis dont l'efficacité ait été rigoureusement démontrée » rappelle la Société Française de Dermatologie.
Dans un communiqué publié jeudi, la société savante dénonce « des solutions improvisées à chaque nouvel épisode de pénurie [qui] opèrent un temps mais s'avèrent inefficaces à long terme pour assurer un approvisionnement pérenne et la prise en charge des patients dans les meilleures conditions ».
Une situation « extrêmement dommageable, jugent les dermatologues, alors que la syphilis est épidémique depuis une vingtaine d'années en Europe occidentale ». Si la pandémie de Covid-19 a limité les rapports interpersonnels, elle a aussi entraîné un moindre recours aux soins en santé sexuelle, et « le retour à la vie normale s'accompagnera vraisemblablement d'un pic de nouveaux cas de syphilis » s’inquiète la SFD.
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