Après l’huile de tournesol, la moutarde ou encore la farine, c’est désormais au tour du paracétamol de faire l’objet de tensions d’approvisionnement « temporaires ». C’est ce que signale ce 12 juillet l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
En fait, dès début juin, l'ANSM avait alerté quant à des tensions concernant une spécialité de paracétamol injectable. Mais la pénurie s’étend désormais aux formes orales – « sachets, solutions buvables, comprimés, gélules », énumère le régulateur – et aux suppositoires de paracétamol, soit à l'antipyrétique antalgique « sous toutes ses formes », déplore lors d’un point presse Pierre-Olivier Variot, pharmacien (Plombières-lès-Dijon) et président de l’Union de syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Des retards d'approvisionnement pas si surprenants
À l’origine de ces tensions se trouveraient d’abord des difficultés de production, de mise à disposition des produits contenant du paracétamol par les laboratoires pharmaceutiques, explique l’ANSM, qui parle ainsi de « retards d’approvisionnement ». À noter que, ce printemps, l’Académie nationale de Pharmacie avait déjà alerté les autorités sanitaires sur de nouveaux risques de pénuries de médicaments, liés à un manque inédit de certains matériaux « nécessaires aux activités de production pharmaceutique » dans une situation internationale troublée.
La situation sanitaire actuelle serait aussi en cause. « S’ajoute une augmentation des consommations dans le contexte notamment de la 7e vague de Covid-19 », explique l’ANSM.
Si bien que les tensions pourraient se prolonger jusqu’à la rentrée. « Je pense que les ruptures de paracétamol devraient durer jusqu’à septembre ou octobre », estime Pierre-Olivier Variot. Ce que corrobore le régulateur « d’après les données disponibles à ce stade ».
La dispensation sur ordonnance privilégiée en ville
Si comme le précise l’ANSM, l’approvisionnement des hôpitaux est sécurisé pendant toute la période estivale, en ville, l’agence, l’USPO et un autre syndicat d’officinaux, la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF), proposent quelques mesures pour éviter l’aggravation de la situation. « Nous nous sommes (déjà) assurés de la mise en œuvre d’un contingentement quantitatif par les laboratoires au niveau de la vente aux grossistes-répartiteurs et de la vente directe aux officines (afin) de répartir équitablement les approvisionnements sur l’ensemble du territoire », assure le régulateur. L’exportation du paracétamol par les grossistes-répartiteurs serait aussi « temporairement interdite ».
De plus, pour préserver les stocks, les pharmaciens sont invités non seulement à « ne pas surstocker de paracétamol » mais aussi à « reprendre la main » sur les dispensations, résume Pierre-Olivier Variot. En pratique, les pharmaciens sont incités à réduire la vente en ligne de paracétamol, à privilégier la dispensation sur ordonnance et de « limiter la dispensation à deux boîtes par patient sans ordonnance », de façon similaire à ce qui avait été préconisé en mars 2020 pendant la première vague de Covid-19.
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