Les pénuries récurrentes de médicaments ont un impact important sur la santé des patients selon le sondage de France Assos Santé. Un Français sur quatre y a déjà été confronté et 45% des sujets concernés ont reporté, modifié ou renoncé à leur traitement. Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé, dénonce une situation à risques.
Quels enseignements tirez-vous de cette enquête ?
Alain-Michel Ceretti : Une grande inquiétude. Le caractère rare des pénuries est devenu banal et le temporaire permanent. Si l’on ne fait rien, je vois pointer le risque que les patients, lassés de faire 100 km pour trouver une pharmacie approvisionnée, finissent par chercher des solutions alternatives, y compris sur le Net : une aubaine pour les trafiquants et la contrefaçon ! Certes, la demande de médicaments augmente et je comprends qu’il en résulte des tensions sur l’approvisionnement, temporaires et accidentelles. Sauf que ces problèmes sont devenus épidémiques et pèsent désormais sur un nombre croissant de molécules, qui n’ont rien à voir entre elles ! Et face à cela, aucune mesure coercitive, ni plan B.
Qu’est ce qui pèche selon vous ?
A-M.C. 56 % des personnes qui ont répondu à l’enquête considèrent les industriels comme principaux responsables. France Assos Santé partage ce sentiment. Ces pénuries sont principalement dues à des stratégies financières et deviennent un moyen de pression dans les négociations. Cela m’a été confié : il existe un rapport de force entre certains industriels du médicament et les pouvoirs publics. Cela lance le discrédit sur la réalité de certaines ruptures de stock. Le problème essentiel est qu’au milieu, il y a des patients. Et le phénomène qui va s’aggravant touche de plein fouet les plus fragiles. La situation est aujourd’hui telle que certaines associations de malades sont aujourd’hui tentées par des initiatives judiciaires. Il est temps que l’autorité de l’État se manifeste.
Comment améliorer la situation ?
A-M.C. Par une régulation plus efficace de la part des autorités sanitaires. Les AMM sont accordées au niveau européen, mais on laisse aux états la liberté de négocier. Balkaniser les négociations sur les prix, c’est ouvrir la porte à la stratégie du “plus offrant”. De plus, faute d’harmonisation sur les conditionnements, on se retrouve avec des boîtes qui contiennent une fois et demi le traitement. C’est iatrogène et les comprimés en trop d’un côté peuvent manquer ailleurs. Au niveau national, on ne peut plus se contenter d’alertes de l’ANSM – adressées par mail aux médecins submergés – annonçant simplement les ruptures d’approvisionnement tout en invitant les patients à ne pas interrompre leur traitement. Stocks de sécurité, sites industriels back-up, recherche de fournisseurs alternatifs, répartition régulée : aucune de ces mesures correctrices annoncées n’a réellement été mise en œuvre. L’État doit agir par des mesures coercitives.
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