Pr Caroline Robert :
« C’est extrêmement dommageable pour les patients. Comment expliquer une telle situation à nos collègues étrangers ? Ils s’en étonnent et ne comprennent pas. Aujourd’hui dans le mélanome métastasé, les anti PD-1 sont les traitements de première intention. Mais rappelons toutefois que 50 % des patients ne répondent pas. Une réponse complète et durable est observée chez une minorité de patients. En l’absence de mutation du gène BRAF, nous ne disposons plus de traitement alors qu’avant sa radiation, l’ipilimumab constituait une alternative thérapeutique avec 13 % de répondeurs. Même avec les anti BRAF anti MEK, la moitié des patients répondeurs récidivent en un an. On est donc là dans une impasse thérapeutique. L’ipilimumab était également prescrit avec les anti PD-1 avec des résultats améliorés. On a enregistré des résultats très encourageants dans les métastases cérébrales sans d’ailleurs disposer d’une AMM dans cette indication. Cette combinaison ne pourra plus être prescrite. Cette radiation du Yervoy® est une situation unique dans les pays développés. Il est très efficace pour un nombre limité de patients. Mais on nous retire cette option thérapeutique. Le schéma thérapeutique est pourtant très simple. Il repose seulement sur quatre injections. C’est donc dommage de se priver de cette option thérapeutique. Certes nous ne sommes pas confrontés à une épidémie en France de mélanome métastasé. On compte 2 000 décès par an provoqués par cette maladie. On fait comme si la situation dans le mélanome était réglée par les anti-PD-1 et les anti BRAF. Cela sera très cruel à l’échelle individuelle. La décision aurait pu être prise de concert avec les médecins. Simplement les experts une nouvelle fois sont écartés du fait de leurs liens d'intérêt supposés Je rappelle que ces patients sont en réponse durable avec le Yervoy® alors qu’ils avaient été en échec thérapeutique avec les autres traitements. Je vais dresser une liste de patients qui ont tiré un réel bénéfice de ce traitement. »
Le laboratoire BMS :
« Concernant l’accès aux patients au traitement, Bristol-Myers Squibb, en tant qu’acteur de santé responsable, s’engage à assurer à titre exceptionnel gracieusement à tous les patients la fin de leur traitement Yervoy® initié avant la date effective de radiation, soit le 1er mars 2018 (dans la limite de 3 cures maximum par patient, la première cure, a minima, devant être prise en charge sur la liste en sus, avant la radiation). Bristol-Myers Squibb a d’ores et déjà communiqué cet engagement à tous les hôpitaux concernés. »
* Chef de service de dermatologie de l’Institut Gustave-Roussy (IGR) à Villejuif.
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