Après s’être fait attendre plusieurs mois en France, malgré leur autorisation par la FDA, des commandes passées par l’Allemagne et divers appels en faveur de l’accélération de leur mise à disposition, les anticorps monoclonaux devraient arriver dans l'hexagone à partir du 1er mars. Et ce dans le cadre d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU), délivrée le 22 février par l'ANSM au bamlanivimab d’Eli Lilly.
Un traitement à administrer précocement
L’objectif de ce nouveau type de traitements est de « neutraliser le virus à la phase précoce de l’infection », explique la DGS, ces anticorps synthétiques dirigés spécifiquement contre la protéine Spike du SARS-CoV-2 pour inhiber l’entrée et la réplication de ce dernier dans les cellules ayant montré leur capacité à diminuer la charge virale et éviter un glissement vers une forme grave. Ainsi le bamlanivimab doit-il être administré au plus tôt, soit « dans un délai maximal de 5 jours après le début des symptômes », précise la DGS.
Par ailleurs – parce que le bamlanivimab a fait preuve de son efficacité dans cette population et sans doute au regard du coût élevé du traitement – l’anticorps monoclonal doit être réservé à certains patients à risque de formes graves. Si seuls les patients immunodéprimés et les sujets de plus de 80 ans sont pour le moment concernés, « la population cible est susceptible d’évoluer en fonction de l'état des connaissances scientifiques et du contexte épidémique », indique cependant la DGS, qui invite à « se référer régulièrement au protocole temporaire d’utilisation (PUT) consultable sur le site de l’ANSM ».
Les généralistes sollicités pour l'orientation et le suivi
Bien que la prescription du bamlanivimab -qui s'administre par perfusion soit réservée pour le moment aux médecins hospitaliers, il incombe toutefois aux médecins généralistes d’en poser l’indication, commente le Pr Watier. En pratique, il revient en effet aux médecins d’orienter les sujets éligibles « très rapidement après l’apparition des symptômes vers des tests diagnostiques puis des lieux d’administration [du bamlanivimab] », indique la DGS. Pour connaître ces centres, l’autorité de santé conseille d’ailleurs soit de contacter le centre 15, soit de consulter directement, à partir du 1er mars, la liste des établissements proposant un traitement par anticorps monoclonal.
D’après le DGS Urgent, les médecins généralistes sont également sollicités pour « le suivi de l’efficacité et de la tolérance du traitement ». Un test de RT-PCR doit en effet être réalisé à j7, et « une visite sur site ou une consultation avec le patient » planifiées 1 mois après l’administration (l'ensemble de la démarche est détaillée dans deux infographies de la DGS). « En fait, les autorités sanitaires semblent craindre une éventuelle sélection de variants par le bamlanivimab », qui n’a par exemple pas montré son efficacité sur les variants dits sud-africain et brésilien du SARS-CoV-2, estime le Pr Hervé Watier, professeur d’immunologie au CHU de Tours. D’après lui, ce risque apparaîtrait cependant négligeable.
Reste cependant à savoir à quel point ce dispositif pourra être mis en œuvre. « Il semble en effet difficile de ne réaliser les perfusions qu’en CHU », premiers centres qui seront probablement sollicités pour l’administration, juge le Pr Watier, qui plaide pour une décentralisation de la mesure et appelle les généralistes à se mobiliser en faveur d'une réorientation de l’ensemble du dispositif vers la ville. « La société française d’immunologie est d’ailleurs prête à mettre en place des formations ».
En outre, d’après l’immunologiste, la commande ne pourrait être dans un premier temps honorée par Lilly qu’à hauteur de 5 % des 100 000 doses commandées (soit 5 000 doses). « Mais d’autres anticorps monoclonaux [comme l’association casirivimab-imdévimab de Régénéron ou encore le regdanvimab de Celltrion ndlr] pourraient suivre », confie-t-il.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie