Avoir dans l’arsenal thérapeutique des boîtes de 10 ou 15 comprimés de tramadol et non plus de 30 : c’est la piste lancée par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour lutter contre les risques de dépendance et de mésusage de l’antalgique opioïde le plus prescrit en France.
Indiqué dans le traitement de certaines douleurs modérées et sévères, le tramadol, comme tous les autres opioïdes, peut exposer à des risques d’abus, de mauvais usage, de dépendance et de surdosage. Surtout lorsqu’il est mal utilisé, c’est-à-dire à des doses supérieures aux doses recommandées ou sur une durée prolongée, ou en dehors de ses indications (par exemple comme sédatif pour mieux dormir, ou pour réduire l’anxiété). Mais la dépendance au tramadol pouvant entraîner des symptômes de sevrage en cas d’arrêt brutal (nervosité, agitation, anxiété, insomnie, tremblements, sudation, diarrhée), les patients peuvent avoir tendance à prolonger le traitement même si la douleur a baissé voire disparu.
Depuis plusieurs années, est observée une augmentation des signalements d’abus et de dépendance avec le tramadol : en 2022, plus de 222 alertes concernent le médicament, dont une centaine de cas graves et sept morts.
Appel à la vigilance des professionnels de santé
En 2020, l’ANSM avait déjà limité la durée de prescription maximale du tramadol à 12 semaines, et non plus 12 mois.
En janvier 2023, l’Agence a demandé aux 26 laboratoires qui commercialisent des médicaments à base de tramadol de mettre à disposition des boîtes de 10 ou 15 comprimés ou gélules, adaptées aux traitements de courte durée. Les conditionnements plus importants, pour les traitements plus longs, restent disponibles. Diminuer le nombre de comprimés vise à réduire le risque d’utilisation prolongée, et de stockage familial (avec tous les dangers que cela entraîne).
« Nous demandons aux professionnels de santé de rester vigilants lors de la prescription ou la délivrance des médicaments contenant du tramadol », indique l’ANSM. Et de rappeler les recommandations de prescription : indiqué uniquement dans le traitement des douleurs modérées à intenses, le tramadol ne doit pas être prescrit dans le traitement des céphalées dont la migraine. Il doit l’être le moins longtemps possible : entre 3 et 14 jours en cas de douleur aiguë. Dans le cas d’une douleur chronique, le traitement doit être réévalué tous les 3 à 6 mois.
Pour éviter un syndrome de sevrage, la posologie doit être diminuée progressivement (parfois sur plusieurs mois en cas de traitement chronique) jusqu’à l’arrêt. Si des symptômes dépressifs apparaissent, ou en cas de difficulté lors du sevrage ou d’échec, les patients doivent être orientés vers un addictologue ou une structure experte dans la dépendance médicamenteuse.
Face à des patients à risque de surdosage, notamment en cas d’association à d’autres médicaments ou à la prise d’alcool, le médecin doit indiquer la conduite à tenir en prescrivant ou proposant un kit de naloxone. Pour rappel, le tramadol expose à des risques de convulsions.
Si une personne (enfant ou adulte) a ingéré du tramadol qui ne lui était pas destiné, il faut immédiatement contacter un centre anti-poison ou un service d’urgence : 15 (SAMU), 18 (pompiers) ou 112 (toutes urgences : médicales, incendie, sécurité).
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