En France, l’optimisme ne se porte pas à la boutonnière. Dans une vieille nation rongée par la peur du déclassement, Cassandre a depuis longtemps imposé son agenda. Est-il encore possible de résister à cette vague déferlante ? Oui, répond avec une force tranquille Thierry Hulot. Le climat pourtant n’a guère été clément envers le président du Leem, élu il y a moins d’un an. La LFSS 2023 a provoqué une grosse tempête chez tous les adhérents du Leem. Elle n’avait pas été annoncée par la météo, très (trop ?) confiante dans les pouvoirs anticycloniques du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS). Le dérèglement climatique, le vrai, s’est même invité l’été dernier dans le bassin d’Arcachon, là où les racines familiales s’étaient plu à s’implanter avec des feux dévastateurs, terrifiants. « C’était un paysage de mort. Le sable était comme vitrifié », lâche encore Thierry Hulot. Mais l’émotion vite contrôlée cède la place à une confiance dans le jour d’après. « Cela repoussera. D’ailleurs, il n’y a pas eu de victimes. La peur de la mort n’est pas une raison suffisante pour se suicider. »
D’autres auraient depuis longtemps rompu avec cet optimisme qui alors aurait été qualifié de façade. Mais ici cette faculté de croire aux lendemains qui chantent n’est pas une simple couverture dont on se dévêtirait au premier coup de vent. Elle puise à la source d’un principe d’espérance, et d‘une foi chrétienne vivante, absolue, même si elle ne s’affiche pas en public. La culture familiale s’inscrit dans une histoire longue avec une mère conférencière, spécialiste des grands établissements et lieux de culture. Thierry Hulot a ainsi appris à visiter le passé avec les outils du présent. Grand amateur de bandes dessinées, c’est aussi un amateur des œuvres du XVIIIe siècle. Avec cette maîtrise de la concordance des temps, on rechercherait en vain semble-t-il la faute, l’accident, dans le parcours de Thierry Hulot. Père de trois enfants, dont l’une est médecin généraliste, pharmacien de formation, « c’était une vocation, j’étais passionné par la galénique des médicaments », il accomplit toute sa carrière au sein du plus vieux laboratoire pharmaceutique au monde, Merck, créé en 1668 à Darmstadt. De la création d’une unité dédiée aux biosimilaires qui sera cédée à Fresenius Kabi en 2017 jusqu’à la direction de la filiale française, sans oublier les responsabilités de production, Thierry Hulot contrôle tous les rouages de la chaîne de valeur du médicament. On est ici loin du candide égaré dans les lieux de pouvoir. Bref, depuis longtemps, Thierry Hulot en parcourant le meilleur des mondes de la pharma a dans le même temps cultivé son jardin (privé). Et si l’optimisme, retenons la leçon, avait de l’avenir ?
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