« J'ai confiance dans le médicament, beaucoup moins dans ceux que le fabriquent. » Les Français cultivent le goût du paradoxe, si l'on en croit les résultats de la huitième vague de l'Observatoire sociétal du Leem réalisé par Ipsos. En effet, 77 % d'entre eux déclarent avoir confiance dans le médicament. Un gain de 9 points est même observé chez les Français qui ont tout à fait confiance. C'est la première fois depuis 2015 que la cote se stabilise. Dans le même temps, les vaccins bénéficient d'un niveau élevé à 71 %. La progression la plus forte est observée chez les Français âgés de 25 à 34 ans, souvent jeunes parents et concernés en priorité par les vaccins. La décision ministérielle d'élargir l'obligation vaccinale a donc été bien accueillie.
Confiance fragile
Ces résultats satisfaisants contrastent avec l'image du secteur toujours fragile selon Ipsos. Certes, on note une légère remontée (+ 2 %) du niveau de confiance dans les Entreprises du médicament pour atteindre 49 %. Mais tous les secteurs progressent, y compris le nucléaire (+ 5 %) ou le pétrole (+6 %). Le poids des crises sanitaires pèse toujours sur l'image des laboratoires. Cette défiance se traduit par les résultats obtenus sur des valeurs comme l'éthique : 34 % des Français estiment que les Entreprises du médicament ont un comportement éthique. Le chiffre tombe à 16 % pour la transparence. Même sur un sujet comme les effets secondaires, les laboratoires sont jugés attentifs sur leur prise en compte par seulement 37 % des Français. Au final leur crédibilité ne dépasse pas 51 % alors qu’ils sont jugés utiles (85 %), à la pointe de la recherche dans la recherche de nouveaux médicaments (77 %). Peut mieux faire sur ces thématiques, estiment donc une large majorité des sondés.
Indulgence face aux pouvoirs publics
Ils sont en revanche beaucoup plus indulgents en direction des pouvoirs publics sur l'accès aux innovations. 53 % d'entre eux estiment aujourd'hui facile de bénéficier des médicaments les plus performants. Le chiffre grimpe même à 58 % lorsqu'il s'agit d'y accéder pour eux-mêmes. Dans cinq ans, les Français pronostiquent un recours moins aisé (51 %). Les cadres supérieurs, les moins de 35 ans ne perçoivent pas le même danger. Faut-il parler d'illusion ou d'un risque d'accroissement des inégalités de santé ? Pour autant, le retard français dans l'accès aux médicaments innovants comparés au Royaume-Uni ou à l'Allemagne n'est pas encore perçu par l'opinion. Un travail de sensibilisation dans ce domaine reste encore à mener.
À cet égard, Philippe Tcheng, le nouveau président du Leem, n'a pas dissimulé sa déception face aux efforts réclamés à l'industrie pharmaceutique dans le PLFSS 2019. Tant en direction du grand public que des pouvoirs publics en dépit des résultats engrangés lors du dernier Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) en juillet dernier, le travail d'explications est loin d'être terminé.
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