Monsieur et cher confrère,
Dans une lettre ouverte, que vous m’avez adressée, vous vous plaignez que seule la presse vous aurait tenu informé de l’indisponibilité de la molécule valsartan, sans que ne vous soient précisées les causes de ce nouveau retrait, ni les spécialités concernées.
Alors en toute confraternité je vous le dis, depuis le début de cette crise vous avez été tenu informé par des institutions et des sociétés savantes qui se sont coordonnées et épaulées pour s’assurer que l’information vous parvienne quasiment en temps réel.
Des informations précises accompagnées d’outils pédagogiques vous ont été personnellement adressées à plusieurs reprises notamment via le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) qui dispose des adresses mails des médecins, et ce en plus des informations empruntant tous les canaux de communication existants. En effet, les autorités concernées et les sociétés savantes ont mobilisé l’ensemble de leurs réseaux afin d’assurer la diffusion la plus large et massive de l’information (site internet, réseaux sociaux, relais auprès des médias, listes de diffusion ...).
Courriers et numéro vert
Dès le 10 juillet, un courrier cosigné par CNOM, le Collège de Médecine Générale (CMG) et l’ANSM a été diffusé à l’ensemble des professionnels de santé, médecins et pharmaciens via le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP) afin de partager des informations sur la marche à suivre dans ce contexte de tensions d’approvisionnement et de ruptures de stock de certains lots de médicaments à base de valsartan. Trois autres courriers vous ont été adressés le 22 août, le 29 septembre et le 29 novembre afin d’informer de l’évolution de la situation et adapter la marche à suivre. A chaque fois, les contenus ont été échangés avec les représentants des patients et des professionnels et endossés par vos représentants notamment le CNOM et le CMG.
En parallèle, afin de renforcer l’information à destination des patients, l’ANSM a mis en place le 24 juillet un numéro vert et diffusé par plusieurs canaux de communication des informations pédagogiques sous forme de questions / réponses et d’infographies et indiquant la marche à suivre pour les patients.
Par ailleurs, je précise que les listes des lots de médicaments à base de valsartan concernés et non concernés par les rappels sont disponibles et régulièrement mises à jour depuis juillet sur le site de l’ANSM. Vous disposez ainsi d’une information précise et actualisée lot par lot, des spécialités concernées.
Des investigations en cours
Quant aux causes précises de cette situation, elles sont en cours d’investigation par l’ensemble des Etats européens et hors Europe, qui utilisent tous leurs moyens d’investigation pour les identifier. Les propres laboratoires de l’ANSM sont eux-mêmes fortement mobilisés sur ce travail. Et si nous ne vous donnons pas une information que vous jugeriez suffisamment simple, c’est parce que la situation elle-même est complexe, évolutive et en grande partie encore non expliquée.
Alors, si bien sûr la situation est très fortement problématique et peut soulever un certain nombre de questions sur les processus industriels, ce serait une erreur de croire que toutes les institutions que vous avez ciblées ont agi, ou pas agi, en ordre dispersé. Bien au contraire, face à cette situation exceptionnelle, la coopération de tous -CNOM, organisations professionnelles, dont le CMG en particulier, CNOP, HAS, CNAM, Ministère, associations de patients, ANSM- a permis de traiter au mieux une situation objectivement difficile. Je tiens à souligner la qualité de cette coopération qui n’a d’autre objectif, que celui que nous partageons tous, vous et nous : répondre au mieux aux attentes légitimes des patients à un accès sûr à des produits qui leur sont indispensables, même en situation de crise. Ramener la difficulté objective d’un problème industriel majeur à une difficulté de coordination des institutions nationales en charge est une erreur d’appréciation. C’est tout simplement se tromper de cible.
Une préoccupation majeure
Au-delà du valsartan, la question des difficultés industrielles engendrant des situations de tensions d’approvisionnement et de ruptures de médicaments pour les patients est une préoccupation majeure quant à l’accès aux soins. Ce diagnostic, parfaitement décrit dans le récent rapport du Sénat, est partagé par tous les acteurs de santé.
L’ANSM consacre une part importante de son activité à essayer de limiter l’impact de ces difficultés industrielles sur la vie des patients et elle continuera à le faire, en collaboration étroite avec les parties concernées : patients, professionnels de santé, sociétés savantes, institutions ... Je peux entendre que vous souhaiteriez être tenu informé en permanence sur l’état des stocks de tous les produits existants et susceptibles de faire l’objet de tension. La réalité mouvante des situations nous oblige à nous concentrer sur les produits les plus essentiels : les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM). A titre d’exemple, vous pouvez suivre de manière la plus actualisée possible sur le site internet de l’ANSM l’évolution des disponibilités présentes et à venir de produits essentiels que sont les médicaments dérivés du sang, les vaccins de l’obligation vaccinale, les produits pour lesquels la crise est aigue comme le Valsartan.
Je ne prétends pas avoir répondu à l’ensemble de vos interrogations, je ne prétends pas plus maîtriser l’ensemble des causes et des processus conduisant aux tensions et aux ruptures d’approvisionnement de médicaments qui sont de nature industrielle, mondiale, complexe et évolutive. Cependant, je défends l’implication volontariste et coordonnée de l’ensemble des institutions concernées. La facilité intellectuelle qui consiste à renvoyer à une soit disant « inertie, occultation, défausse » n’est au mieux qu’un lieu commun sans rapport avec la réalité de l’engagement de chacune d’entre elle au quotidien, pour les patients.
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