Le tabagisme passif aurait un impact persistant sur le développement du fœtus avant même la conception. C’est ce que démontre une étude parue dans Toxicological Sciences menée sur des rats par des chercheurs de l’université de Duke. En effet, l’exposition à la fumée de cigarette affecte les régions du cerveau affiliées à l’apprentissage, à la mémoire et à la réponse émotionnelle. Même si l’impact était plus important lorsque le fœtus était exposé tardivement au cours de la gestation, des effets néfastes au niveau neurologique restaient perceptibles si la mère se trouvait en contact avec la fumée avant l’accouplement.
« Ces découvertes ont des implications notables car ils renforcent l’idée qu’il faut éviter le tabagisme passif non seulement au cours de la grossesse mais aussi dans la période avant la conception ou plus généralement pour les femmes en âge de procréer », explique le Pr Théodore Slotkin, du département de pharmacologie de l’université.
Fumer nuirait à la santé sur plusieurs générations
Ainsi, lors de ces travaux, ses collègues et lui-même ont simulé l’exposition du tabac en extrayant les composés chimiques de la fumée pour les administrer aux rongeurs. Ce procédé limite le stress induit chez l’animal lorsqu’il respire directement les émanations, car cela peut en parallèle nuire au développement fœtal et donc biaiser les résultats. Les rats femelles ont ensuite été séparés en 3 groupes : le 1er a reçu les composés avant l’accouplement, le 2e au début de la gestation et le 3e plus tard au cours du développement. Les scientifiques ont par la suite observé leur descendance à partir du début de l’adolescence jusqu’à l’âge adulte, se concentrant sur les zones du système nerveux central connues pour être affectées par la nicotine et globalement par l’usage du tabac. Ils ont pu remarquer que la nouvelle génération dans les 3 groupes présentait des fonctions altérées au niveau des circuits cholinergiques qui permettent la mémorisation et l’apprentissage ainsi qu’au niveau du réseau de la sérotonine qui gouverne les comportements émotionnels.
Modification de l'épigénétique ou impact métabolique ?
Mais comment cela se peut-il ? Bien que les chercheurs pensent que des travaux supplémentaires sont nécessaires pour répondre à cette question, ils émettent déjà plusieurs hypothèses. Certains composants ont des effets persistants et peuvent rester dans l’organisme pendant plusieurs jours. Les spécialistes ont également suggéré que ces substances chimiques ont pu altérer le métabolisme de la mère ou son statut hormonal. Il est aussi possible que la fumée cause des altérations épigénétiques au niveau des ovules.
Selon le Pr Slotkin, « notre étude montre clairement qu’il n’existe aucun stade où la fumée de cigarette est inoffensive pour le développement du fœtus ». Son équipe avait déjà démontré dans des travaux antérieurs que certains effets indésirables du tabac provenaient de la nicotine, ce qui suggère que la cigarette électronique ne serait pas moins contre-indiquée pour les femmes enceintes tout comme pour celles en âge de procréer.
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