Dans le cadre du Programme national nutrition santé, l’Anses est chargée d’élaborer les repères alimentaires. En 2007, l’agence a élaboré les repères pour la population générale adulte. Aujourd’hui elle publie 4 nouveaux avis d’expertise adaptés aux populations spécifiques, celle des enfants, des personnes âgées et des femmes enceintes ou allaitantes. En entérinant des repères nutritionnels promus par de nombreux spécialistes, en nutrition infantile notamment, l’Anses constitue le socle de scientifique permettant l’évolution des mesures de santé publique permettant de garantir une nutrition de qualité pour prévenir les maladies chroniques. L’agence alerte sur deux comportements inquiétants aux âges extrêmes de la vie, la consommation de sucre dans l’enfance qui atteint des niveaux inquiétants et le manque d’activité physique chez les plus de 65 ans.
Réduire en urgence la consommation de sucres des enfants
À partir de 4 ans, en particulier chez les plus petits, les enfants consomment trop de sucre. « 75 % des 4-7 ans, 60 % des 8-12 ans et 25 % des 13-17 ans » consomment trop de sucres. Ces apports excessifs sont "préoccupants" car c'est dans l'enfance et l'adolescence que s'acquièrent des bonnes ou mauvaises habitudes alimentaires qui risquent d'être conservées à l'âge adulte, et de favoriser l'obésité et le diabète.
L'Anses recommande de limiter les boissons sucrées, jus de fruits compris, et les pâtisseries-biscuits-gâteaux, trop fréquents en particulier au goûter. D'autant que ces aliments présentent un intérêt nutritionnel faible. Il convient donc de les substituer par les produits laitiers sans sucres ou d’autres aliments riches en calcium ainsi que des fruits frais (non transformés) et des fruits à coque. L’Anses attire également l’attention sur la nécessité de réduire les « sucres ajoutés » présents dans de nombreux produits transformés et souligne l’intérêt des préparations faites « maison » qui permettent de mieux prendre conscience des apports en sucres et de les contrôler.
Nourrissons, diversifier entre 4 mois révolus et pas après 6 mois
Dans son avis sur les enfants de 0 à 3 ans, l’Anses place l’âge optimum de la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois révolus. L’agence s’est appuyée sur les données scientifiques les plus récentes montrant que la fenêtre optimale pour débuter la diversification alimentaire se situe entre 4 et 6 mois.
Quand la diversification a commencé, l'introduction "sans tarder" d'allergènes (substances pouvant entraîner une allergie) comme de l'œuf, de l'arachide et des produits laitiers « que l'enfant soit à risque d'allergie ou non » est à présent recommandé.
La "période favorable" pour faire découvrir à l'enfant un maximum d'aliments est comprise entre 5 à 18-24 mois. À partir de deux ans se manifeste la "néophobie alimentaire" : l'enfant accepte moins certains aliments nouveaux, en rejette d'autres et même parfois ceux qu'il mangeait avant. Les nouveaux aliments doivent être présentés plusieurs fois à l'enfant, au moins huit fois, avant d'abandonner en variant les goûts et les textures en bouche.
Les sources de distraction qui détourne l'enfant de son assiette, comme la télévision, les portables ou les tablettes dans les mains des parents voire du tout-petit lui-même, sont à exclure. Selon une étude récente, la télévision fonctionne généralement pendant les repas chez 47 % des enfants de deux ans.
Dans son expertise, l’Anses pointe l’effet positif de l’allaitement maternel sur l’acceptation de nouvelles saveurs lors de la diversification alimentaire, en faisant varier les flaveurs à chaque tétée. L’alimentation au sein permet au bébé de développer de meilleures capacités orales pour s’alimenter par la suite. Plusieurs études ont montré un lien entre la durée de l’allaitement et une alimentation plus saine et diversifiée à l’âge deux ans.
Les seniors en manque d’activité physique
Les données épidémiologiques soulignent l’effet protecteur de l’activité physique contre les maladies associées au vieillissement, la sarcopénie, l’ostéoporose, la dégénérescence maculaire liée à l’âge et l’altération des fonctions cognitives. Pour les personnes plus âgées, femmes de plus de 60 ans et hommes de plus de 65 ans, la diminution de la dépense énergétique de repos entraîne une moindre couverture des besoins nutritionnels en iode, EPA, DHA, zinc et, uniquement chez les femmes, en fer et vitamine C.
Quand le niveau d’activité physique ne peut être augmenté, l’apport énergétique doit donc être réduit par rapport à celui des adultes. L’Anses recommande alors de diminuer légèrement les portions sauf celles de fruits, légumes, poissons, mollusques, crustacés, pains et autres féculents complets qui permettent d’apporter les nutriments dont les besoins sont identifiés comme étant difficilement couverts.
Des nutriments manquants chez la femme enceinte
L’analyse des apports nutritionnels actuellement observés en France chez les femmes en âge de procréer (étude Inca 3) et chez les femmes enceintes (étude Elfe) révèle des apports insuffisants en certains nutriments essentiels pour les femmes enceintes et allaitantes : fer, iode, vitamine B9 (acide folique). Et uniquement pour les femmes allaitantes, vitamines A et C. La couverture de ces besoins nutritionnels peut être assurée en accentuant la consommation d’aliments sources de ces nutriments et à travers le suivi du statut en iode chez les femmes enceintes et allaitantes (en complément des mesures existantes pour la vitamine B9 et le fer).
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