L’arsenal thérapeutique dirigé contre le paludisme s’étoffe. C’est du moins ce que laisse entendre l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a annoncé le 13 avril l’autorisation, au Ghana, d’un second vaccin contre la maladie.
Comme le déplore l’OMS sur son site internet, « bien que des progrès considérables aient été accomplis depuis 2000 dans le déploiement à grande échelle des moustiquaires imprégnées d’insecticide, la mise en place d’approches de chimioprévention et l’adoption de traitements très efficaces, le paludisme reste une cause majeure de maladie et de décès parmi les enfants d’Afrique subsaharienne, et la situation ne cesse de s’aggraver ». Ainsi, selon le dernier rapport de l’instance sur la pathologie, le paludisme se trouvait à l’origine de près de 620 000 décès en 2021, dont 96 % en Afrique.
Un premier vaccin disponible depuis 2015
D’où un besoin en nouvelles armes de prévention, à l’instar de vaccins. Un premier produit du genre est déjà disponible : le vaccin protéique Mosquirix, mis au point par GlaxoSmithKline (GSK) et destiné aux « enfants âgés de 6 semaines à 17 mois ». Ce vaccin avait reçu un avis positif de l’Agence européenne des médicaments (EMA) en 2015. Six ans plus tard, son « utilisation généralisée » avait été recommandée par l’OMS après le succès d’un programme de vaccination pilote conduit dans trois pays africains (le Ghana, le Kenya et le Malawi) – avec mise en évidence d’un un recul « significatif » des cas de paludisme grave. En 2022, l’OMS avait enfoncé le clou en préconisant à nouveau son déploiement « dans les régions où la transmission est modérée à élevée ».
Cependant, ce premier vaccin antipaludique reste insuffisant. Son efficacité apparaît peu élevée et de courte durée. Et d’un point de vue organisationnel, « la mise au point d’un deuxième vaccin antipaludique aurait des avantages considérables (…), en particulier parce que cela permettrait d’accroître l’offre de façon à répondre à la forte demande prévue », estime l’OMS.
Un nouveau vaccin au coût « modeste »
Dans ce contexte, un autre candidat, surnommé R21/Matrix-M, a été développé par l’Université d’Oxford – et fabriqué par le Serum Institute of India. En fait, ce nouveau venu consiste en un vaccin protéique adjuvanté par la « Matrix-M » de Novavax, adjuvant déjà utilisé dans le vaccin anti-Covid-19 du laboratoire. Il s’agit en outre d’un vaccin faible dose – « qui peut être fabriqué à grande échelle à un coût modeste », souligne un communiqué d’Oxford.
Ce mois d’avril, les autorités de santé Ghanéennes l'ont autorisé « chez les enfants âgés de 5 à 36 mois, la tranche d'âge la plus exposée au risque de décès dû au paludisme », précise le communiqué d’Oxford. Et ce, selon un schéma comprenant une primovaccination à trois injections puis un rappel un an plus tard, ajoute l’OMS.
Efficacité supérieure à l’objectif de l’OMS
À l’origine de cette décision se trouvent diverses « données d’essais cliniques » prometteuses évaluées par la Food and Drugs Authority du pays (FDA Ghana). Comme le rapporte l’Université d’Oxford, un essai de phase IIb publié l’an dernier a mis en évidence une efficacité de 77 % - supérieure à l’objectif de 75 % fixé par l’OMS. « Des données récentes (et préliminaires) d’un vaste essai de phase 3 (conduit sur près de 5 000 enfants au Burkina Faso, au Kenya, au Mali et en Tanzanie ndlr) en cours montrent également des niveaux élevés d’efficacité et un profil de sécurité rassurant », avance l’Université d’Oxford.
Ainsi, l’OMS a aussi accepté d’évaluer « le dossier de préqualification » du vaccin. Toutefois, pour que l’instance émette de véritables recommandations, reste à attendre les conclusions finales de l’essai de phase 3, qui devraient paraître « plus tard cette année », estime l’instance.
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