Une bactérie connue pour causer des inflammations des gencives baptisée Aggregatibacter actinomycetemcomitans serait impliquée dans la réaction auto-immune caractéristique de l’arthrite rhumatoïde qui détruit les articulations. Cette nouvelle découverte publiée dans Science Translational Medicine pourrait avoir des conséquences sur la prévention voire sur le traitement de la maladie.
Trouver la bactérie : un puzzle compliqué
« C'est comme assembler les dernières pièces d'un puzzle compliqué sur lequel nous avons travaillé pendant de nombreuses années », s’enthousiasme le Dr Felipe Andrade, une des auteurs principaux de l’étude. En effet, les chercheurs avaient remarqué une association entre les parodontites et la polyarthrite rhumatoïde depuis le début des années 1990. Ils ont donc suspecté qu’un facteur commun était à l’origine des deux pathologies. Si ces 10 dernières années les spécialistes se sont penchés sur une bactérie, Porphyromas gingivalis, leurs travaux n’avaient donné aucun résultat probant. Et pour cause, il s’agissait d’un faux coupable !
Les scientifiques de l’école de médecine John Hopkins à Baltimore ont analysé des échantillons de patients atteints de parodontite et ont découvert qu’il se produisait un processus similaire à celui qui se déroule dans les articulations de patients atteints de PR : l’hypercitrullination. Si le phénomène de citrullination se produit naturellement dans l’organisme afin de réguler les fonctions des protéines, chez les patients atteints de PR il est suractivé, ce qui provoque une accumulation de protéines citrullinées. Cet agrégat finit par entraîner la production d’anticorps contre ces protéines. La réaction inflammatoire commence et attaque les propres tissus de l’organisme.
50 % des malades sont infectés par A. actinomycetemcomitans
Parmi plusieurs bactéries liées à des parodontites, les scientifiques ont découvert que seul A. actinomycetemcomitans, une bactérie qui se trouverait dans la bouche de près d’un tiers de la population humaine, avait la capacité d’induire l’hypercitrullination des neutrophiles. Ces cellules immunitaires sont observées depuis des années car elles seraient la source principale de protéine citrullinée dans l’arthrite rhumatoïde. En effet, elles sont les cellules inflammatoires les plus abondantes dans les articulations comme dans les gencives des patients.
Ainsi, A. actinomycetemcomitans initie le processus en sécrétant une toxine contre les défenses immunitaires. Cette substance libérée va créer des trous à la surface des neutrophiles, ce qui engendre un flux de calcium à l’intérieur de la cellule. Cette forte concentration va suractiver les enzymes productrices de protéines citrullinée.
Pour valider leurs observations, les chercheurs ont mis au point un test pour détecter les anticorps contre cette bactérie dans le sang et l’ont inauguré sur 196 échantillons provenant de patients souffrants de PR. Apparemment, près de la moitié d’entre eux sont infectés par le micro-organisme. Pour comparer, 60 % des patients atteints d’une parodontite étaient également infectés contre seulement 11 % des individus sains. Encore plus intriguant, l’exposition à cette bactérie s’avérerait un déterminant majeur pour la présence d’anticorps contre les protéines citrullinées chez les personnes avec une susceptibilité génétique à la PR.
Néanmoins, les auteurs modèrent leurs propos, car pour 50 % des patients il n’y a aucune preuve d’infection à A. actinomycetemcomitans. Il est possible qu’une autre bactérie intestinale, pulmonaire ou autre utilise un mécanisme semblable qui provoque l’hypercitrullination.
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