Même si Diane® 35 vient de réintégrer les officines (avec de nouvelles restrictions d’indications), ce retour ne résout pas tout en matière de traitement de l’acné. Les traitements topiques gardent certaines limites, l’isotrétinoine orale soulève toujours la question du risque suicidaire et les problèmes d’antibiorésistance poussent toujours d’avantage à la retenue dans les prescriptions d’antibiotiques.
Dans ce contexte, les dermatologues s’intéressent de plus en plus aux traitements alternatifs, comme en témoigne la session qui a eu lieu sur ce thème lors des dernières Journées dermatologique de Paris. à cette occasion, les experts ont détaillé l’intérêt et les limites des traitements « physiques » comme le laser, la photothérapie, ou encore les LED.
Les traitements physiques doivent encore faire leur preuve
« Pour toutes ces méthodes, le niveau de preuve scientifique est faible car elles sont considérées comme du matériel médical et n’ont donc pas les mêmes obligations d’études que les médicaments », prévient d’emblée le Pr Brigitte Dréno (CHU de Nantes). Pour le traitement d’une acné active, la technique la plus convaincante « est clairement la photothérapie dynamique (PTD) ».
Elle consiste à appliquer sur les lésions un agents photosensibilisant (ici, le Metvixia ou acide methylaminolevulinique), à le laisser pénétrer puis à exposer le patient à une source lumineuse. La conjonction lumière/Metvixia entraîne une libération intense de radicaux libres, laquelle conduit à une apoptose et une nécrose partielle des glandes sébacées (d’où une action sur la séborrhée) et à la destruction du P. acnés.
« Ce n’est pas une première ligne mais c’est une option qui peut être intéressante chez des patients qui ont résisté ou qui ont une contre-indication aux traitements classiques, précise le Pr Dréno. Pour moi, l’acné chronique de la femme est une bonne indication, d’autant que ces patientes présentent souvent des problèmes de résistances aux cyclines. »
Reste que la PTD n’a pas d’AMM dans l’acné. Autre bémol : la technique est douloureuse avec une douleur d’autant plus intense que l’acné est sévère. Enfin, dans les suites du traitement, la PTD entraine une réaction inflammatoire avec un œdème qui perdure volontiers plusieurs jours dans les formes sévères. « Si la PTD semble intéressante dans l’acné modérée, il faut donc être très prudent dans l’acné sévère . »
Concernant le laser et les LED, « autant je suis réservée sur leur utilisation dans le cadre d’une acné active, autant je pense qu’ils ont de bonnes indications pour le traitements des cicatrices, indique le Pr Dréno. Notamment en traitement combiné (associé à la dermabrasion, par exemple), pour de petites cicatrices pas trop profondes ». La technique ne peut être proposée que si l’acné est réellement contrôlée et à distance de tout traitement par isotrétinoïne (6 mois minimum), sous peine de provoquer une réaction inflammatoire avec une cicatrice hypertrophique.
Bientôt l’isotrétinoïne « sélectif » ?
A côté de ces traitements physiques, les dermatologues espèrent aussi pouvoir disposer de nouveaux médicaments dans les années à venir. Des modulateurs des PPAR récepteurs exprimés par les kératynocytes sont à l’étude « mais on est encore sur des phase 1 et 2 ».
Sont aussi en développement des modulateurs de l’immunité innée capable de booster les défenses cutanées vis-à-vis de P. acnés sans induire de résistance bactériologique. Mais, surtout, « on attend toujours l’isotrétinoïne sélectif qui n’aurait pas d’effets secondaires », indique le Pr Dréno.
L’idée : mettre au point des rétinoïdes qui puissent agir sélectivement au niveau cutané avec la même efficacité que l’isotrétinoine mais sans effets secondaires. « C’est envisageable, selon moi, dans les 5 à 10 ans car l’on a déjà identifié les cibles sur lesquelles agit l’isotrétinoïne … »
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