Identifié depuis plusieurs années déjà, le surrisque de malformations congénitales après une aide médicale à la procréation (AMP) avait été évalué de 40 % plus élevé par l’équipe de la cohorte Epicard, une cohorte francilienne recensant les enfants nés avec une malformation cardiaque congénitale depuis 2005. Près de vingt ans plus tard, une nouvelle étude parue dans The European Heart Journal sur plus de 7,7 millions d’enfants de quatre pays confirme le surrisque de malformations cardiaques congénitales chez les enfants nés après AMP (fécondation in vitro [FIV] avec transfert d’embryon frais ou congelé, injection intracytoplasmique de spermatozoïdes [ICSI]). Le chiffre est très proche avec un surrisque de 36 %, sans différence entre les techniques utilisées, et accentué en cas de grossesses multiples.
Pour le Pr Babak Khoshnood, co-responsable de la cohorte Epicard et auteur senior des études qui s’y rapportent, « cette étude s’accorde avec les résultats de nos travaux et confirme l’association retrouvée ». Tous s’accordent cependant pour dire que ces malformations restent rares et que le risque absolu est modeste et, de manière générale, « fortement associé aux grossesses multiples, fréquentes en AMP ». Le Pr Khoshnood rappelle ainsi qu’il est important de suivre les enfants nés d’une AMP. Les enfants conçus grâce à des techniques d’AMP sont plus exposés à des risques périnataux que ceux conçus « naturellement ». Outre le surrisque de malformations cardiaques, sont rapportées d’autres malformations congénitales ou encore des insuffisances pondérales à la naissance.
Des malformations sévères dans le groupe AMP
L’étude a inclus 7 747 637 millions d’enfants nés au Danemark entre 1994 et 2014, en Finlande entre 1990 et 2014, en Norvège entre 1984 et 2015 et en Suède entre 1987 et 2015. Parmi eux, 171 736 enfants étaient nés après d’une AMP. Les malformations, diagnostiquées in utero ou au cours de la première année de vie, comprenaient plusieurs catégories. L’équipe a comparé le taux de malformation cardiaque congénitale des bébés nés d’une AMP (n = 3 159) et des bébés conçus sans AMP (n = 86 824) avec un surrisque observé de 36 % dans le groupe AMP et plus spécifiquement de 30 % pour les malformations sévères.
Aucune différence n’a été constatée en fonction de la technique utilisée, mais les grossesses multiples étaient plus à risque que les naissances uniques. Les scientifiques ont également pris en compte d’autres facteurs pouvant augmenter ce risque, tels que l’année de naissance, le pays, l’âge maternel au moment de l’accouchement, le tabagisme, les antécédents maternels de diabète ou de malformation cardiaque.
Un surrisque plus important en cas d’ICSI dans l’étude Epicard
Pour les auteurs de l’étude Conartas, l’absence de différence entre les techniques d’AMP laisse à penser qu’il existerait « un facteur commun à l’infertilité des parents et aux malformations cardiaques congénitales de l’enfant ». Une hypothèse que ne semble pas rejoindre le Pr Khoshnood, l’étude d’Epicard ayant retrouvé un surrisque plus important de malformation cardiaque congénitale avec la technique ICSI par rapport à la FIV. « Le mécanisme n’est pas encore clair, mais nous avons quelques pistes et pensons que cela pourrait non seulement dépendre de la technique, mais également avoir un lien avec les crêtes neurales, nous n’avons pas utilisé les mêmes méthodes statistiques », explique le spécialiste français.
Dans une étude ultérieure, l’équipe d’Epicard retrouve également un risque 2,4 fois plus élevé de tétralogie de Fallot chez les enfants nés d’une AMP (toutes techniques) comparée à trois autres malformations cardiaques congénitales (6,6 versus 3,5 %) et trois fois plus élevé en cas d’ICSI. Dans un autre travail d’Epicard, les auteurs précisent le rôle de la grossesse multiple dans cette association entre ICSI et tétralogie de Fallot et retrouvent que 11 % de cette association est médiée par l’association entre ICSI et grossesses multiples.
Des anomalies du tube neural liées aux chaleurs extrêmes ?
Le Pr Khoshnood et ses collaborateurs ont publié dans Birth Defects Research une étude mettant en évidence une association entre l’exposition aux chaleurs extrêmes et le risque de malformations du tube neural. Parmi 1 272 cas de déformations identifiés entre janvier 1994 et décembre 2018 chez des nouveau-nés, ils remarquent que 10 d’entre eux concernent des enfants conçus durant le mois d’août 2003, caractérisé par un épisode caniculaire (plus de 35 °C), ce qui correspond à un risque doublé (RR de 2,14). Ils suggèrent ainsi que l’exposition prolongée à des chaleurs extrêmes durant la période périconceptionnelle pourrait entraîner des malformations du tube neural.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein