Cancers : de la chimiothérapie à des doses plus faibles préviendrait les rechutes

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Publié le 27/11/2016
Cellules cancéreuses

Cellules cancéreuses
Crédit photo : SPL/PHANIE

Les fibroblastes (cellules sécrétant de la matrice extracellulaire) aux alentours de cellules tumorales se mettraient plus facilement à sécréter des protéines engendrant la réapparition de la tumeur sous une forme plus agressive en réaction aux fortes doses de chimiothérapies conventionnelles. C’est ce que des chercheurs de l’Institut National de recherche contre le cancer de Taïwan et de l’université de Californie ont découvert. Leurs travaux publiés dans The Journal of Experimental Medicine montrent qu’au contraire, des faibles doses mais fréquentes de chimiothérapie seraient plus efficaces pour soigner certains types de cancers, tel que celui du sein ou du pancréas.

Les doses maximums tolérées pourraient induire des rechutes

En effet, les traitements de chimiothérapies sont généralement administrés à quelques semaines d’intervalle aux doses maximums tolérées. Si cette méthode permet de détruire la majorité des cellules cancéreuses, il arrive que certaines cellules initiatrices de tumeur soient épargnées ce qui peut générer de nouvelles populations de cellules cancéreuses. Ces tumeurs en recrudescence sont souvent plus agressives et capables d’engendrer des métastases dans d’autres tissus, et cela est en partie possible car les fortes doses de chimiothérapies affectent aussi les cellules à proximité de la tumeur comme les cellules immunitaires ou les cellules endothéliales des vaisseaux sanguins.

Face à ce constat, les scientifiques ont analysé chez la souris, les effets de la chimiothérapie sur les fibroblastes qui sont un composant majeur du tissu conjonctif dans certaines tumeurs comme le cancer du sein ou l’adénocarcinome ductal pancréatique. Les chercheurs ont ainsi remarqué que, en réponse aux doses conséquentes de chimiothérapies, les fibroblastes sécrètent une grande quantité de protéines nommées des chimiokines ELR+. Celles-ci promeuvent la croissance tumorale et l’apparition de métastases chez les rongeurs. Plus précisément, ces molécules convertissent les cellules environnantes de la tumeur en cellules initiatrices. De même, elles stimulent la formation de vaisseaux sanguins à sa proximité et renforcent le recrutement de macrophages.

Haro sur la chimio !

En revanche, les spécialistes ont démontré qu’un traitement à faibles doses bien réparti dans le temps n’induit pas la production de chimiokines par les fibroblastes avec toutes les conséquences qui s’ensuivent. Ces résultats confirment d’autres études récentes qui avaient d’ores et déjà suggéré qu’une chimiothérapie avec des doses moindres mais plus fréquentes (voire tous les jours) serait plus efficace que l’approche traditionnelle.

Ainsi, les souris atteintes d’un cancer du sein ou du pancréas répondaient plus favorablement à un traitement par chimiothérapie modérée, et vivaient plus longtemps que celles traités aux doses maximums tolérées. En plus des perspectives thérapeutiques qu’ouvrent ces travaux, « nos résultats appuient en faveur de l’hypothèse que des signaux provenant de tissus conjonctifs contribuent à la pathologie », confirme le Dr Kelvin Tsai, un des auteurs. 


Source : lequotidiendumedecin.fr