Jusqu’à 10 % des personnes jeunes ayant acquis une immunité anti-covid-19 naturellement, au cours d’une infection par le SARS-CoV-2, seraient susceptibles de se réinfecter. C’est ce que suggère une étude américaine publiée hier dans le Lancet Respiratory Medicine.
Depuis plusieurs mois, les preuves du caractère imparfait de l’immunité anti-covid-19 naturelle s’accumulent. Notamment, une étude anglaise menée auprès d’une population de soignants et un travail danois conduit à partir de données de vie réelle ont confirmé que si les réinfections apparaissent rares, elles restent possibles. Et ce en particulier chez les sujets âgés, la prévalence des réinfections semblant augmenter avec l’âge. Cependant, alors que les personnes plus jeunes ne sont pas encore ciblées par les campagnes de vaccination et semblent plus exposées au virus via des contacts sociaux plus à risque, aucune étude n’a encore été menée spécifiquement dans cette population pour y estimer ni la fréquence des réinfections, ni leur gravité, ni la transmissibilité du virus qui leur est associée. Ainsi des chercheurs américains ont-ils proposé de s’intéresser à l’immunité des adultes jeunes.
Dans ce cadre, ces chercheurs ont suivi entre mai et novembre dernier plus de 2 000 recrues de l'armée américaine âgées pour la plupart de 18 à 20 ans, qui, à leur entrée dans l’armée, ont bénéficié d’un test sérologique puis de tests PCR réguliers. Les niveaux d’anticorps neutralisants ont par ailleurs été étudiés chez les individus séropositifs.
Les réinfections rares mais possibles
Résultat : chez les jeunes, l’immunité naturelle anti-covid-19 confère bien une certaine protection vis-à-vis des nouvelles réinfections, mais celle-ci apparaît loin d’être parfaite, et moins fiable que certains vaccins. De fait, si la plupart des contaminations recensées pendant l'étude ont concerné des militaires séronégatifs (48 % des 2 247 militaires naïfs au SARS-CoV-2 ont été infectés), 10 % des 189 participants séropositifs ont aussi été réinfectés. Au total, l’immunité naturelle permettrait donc d’éviter 80 % des infections.
À noter par ailleurs que l'immunité naturelle semble limiter les formes symptômatiques du Covid-19 puisque 84 % des infections étaient asymptomatiques ou pauci-symptomatiques chez les sujets séropositifs, contre 68 % parmi les personnes séronégatives. Toutefois, l'immunité naturelle n'empêche sans doute pas la contagiosité. « Les auteurs ont constaté que la charge virale des recrues séropositives réinfectées était en moyenne seulement 10 fois plus faible que chez les participants séronégatifs infectés », résume en effet le Lancet.
Moins d’anticorps neutralisants chez les sujets réinfectés
Face à ces résultats, les auteurs de l’étude ont essayé de comprendre pourquoi certaines recrues séropositives avaient été réinfectées. Ils ont comparé les réponses immunitaires en particulier humorales des différents participants.
Ainsi, ils ont remarqué qu'au sein du groupe de volontaires séropositifs, les recrues réinfectées présentaient des niveaux d’anticorps anti-SARS-CoV-2 plus bas que les autres. De plus, peu de militaires réinfectés présentaient des anticorps neutralisants – « détectés chez 45 (83 %) des personnes non réinfectées, [mais] chez [seulement] 6 (32 %) des 19 participants réinfectés », rapporte le Lancet.
Reste encore à comprendre pourquoi certains jeunes présentent de bas niveaux d’anticorps neutralisants - ce qui, dans cette population et contrairement à ce qui est avancé chez les personnes âgées, ne peut pas être lié à la sénescence du système immunitaire.
Enfin, comme les précédentes études publiées au sujet de l’immunité, celle-ci ne répond pas à deux inconnues majeures : la persistance dans le temps des anticorps neutralisants, et l’effet des variants sur l’incidence des réinfections. En attendant que ces questions soient élucidées, la présente étude plaide toutefois pour la vaccination rapide des jeunes adultes.
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