Nouveau coup dur pour AstraZeneca-Oxford. Un essai clinique préliminaire portant sur une formule nasale de vaccin anti-Covid-19 conduit par l'université d'Oxford en collaboration avec le laboratoire pharmaceutique britannique a échoué. C’est ce qu’annonce un communiqué publié ce 11 octobre.
« Administrer des vaccins par le nez et les voies respiratoires est l'une des façons les plus prometteuses de parvenir à l'immunité » et « pourrait mettre fin plus efficacement aux infections au covid légères et à la transmission du virus que les vaccins injectés », relève Adam Ritchie, l'un des dirigeants du programme de vaccins d'Oxford. En fait, comme l’expliquait lors d’un point presse de l’ANRS organisé le 6 octobre le Pr Jean-Daniel Lelièvre, infectiologue et immunologue clinicien à l’hôpital Henri Mondor (Créteil), les vaccins muqueux pourraient permettre de mieux lutter contre l’infection par le SARS-CoV-2 par une action locale sur le système immunitaire associé aux muqueuses (SIAM). Par ailleurs, un vaccin nasal apparaît plus aisé à manipuler qu’un vaccin injectable.
Ainsi, divers laboratoires se sont lancés dans le développement de vaccins anti-Covid-19 muqueux. À l’instar d’AstraZeneca-Oxford, qui a eu recours au même vecteur adénovirus que celui de son vaccin Vaxzevria. Un essai clinique ayant inclus une trentaine de personnes non préalablement vaccinées a ainsi été conduit.
De mauvais résultats dus à un mauvais système d'administration ?
Si cet essai clinique, à en croire Oxford, est le premier sur un vaccin à vecteur adénovirus par spray nasal à voir ses résultats publiés, ses conclusions s’avèrent décevantes. En effet, une réponse humorale locale n’a été observée que « chez une minorité de participants », déplore l'université. « (La réponse immunitaire) systémique à la vaccination intranasale a également été plus faible que lors d'une vaccination intramusculaire. » Au total, « ce spray nasal n'a pas fonctionné aussi bien que nous l'espérions », commente Sandy Douglas, professeure associée de l'université ayant participé à l'essai.
D’autres candidats vaccins muqueux seraient toutefois plus prometteurs. Selon le Pr Douglas, une étude chinoise aurait rapporté de meilleurs résultats, potentiellement imputables à un vaporisateur plus complexe. Car une hypothèse avancée pour expliquer les mauvaises performances de la formule britannique concerne le spray nasal utilisé, qui aurait pu diffuser le vaccin davantage dans les voies digestives que sur la muqueuse respiratoire.
Des candidats français peu avancés
En France, d’autres vaccins muqueux sont à l’étude. À l’instar du candidat à vecteur lentiviral de Pasteur-TheraVectys, qui avait annoncé des résultats pré-cliniques encourageants début 2021. Autre exemple : le candidat sous-unitaire non adjuvanté de l’Inrae et de l’Université de Tours, potentiellement universel – ce vaccin expérimental ciblant non seulement la protéine Spike mais également d’autres antigènes viraux non sujets aux mutations. Des essais cliniques étaient prévus pour fin 2022, pour une mise sur le marché fin 2023-début 2024.
Quoi qu'il en soit, comme le suggère le Pr Lelièvre, si les vaccins muqueux apparaissent théoriquement pertinents pour éviter l’infection et la transmission du SARS-CoV-2, ces candidats se révèlent encore peu avancés dans les étapes de développement, et des « freins scientifiques » persistent.
(Avec AFP)
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