Un pas vient peut-être d’avoir été réalisé vers la compréhension des syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques (PIMS) observés depuis l’année dernière chez de rares enfants touchés par le covid-19. Des chercheurs français viennent en effet de décrire une signature inflammatoire qui serait partagée par 75% des enfants qui développerait cette complication pédiatrique très inhabituelle du covid-19. C’est ce que suggère une étude publiée mercredi dernier dans la revue Science Immunology.
Voilà un peu plus d’un an que les premiers cas de PIMS post-covid-19 ont été décrits chez des enfants ayant présenté, 3 à 4 semaines après une infection par le SARS-CoV-2, un ensemble de symptômes proche du syndrome de Kawasaki accompagné d’une atteinte cardiaque atypique et sévère nécessitant une prise en charge en réanimation, comme dans le choc toxique staphylococcique. Depuis, comme le rapporte le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France, un peu plus de 560 cas auraient été signalés en France. Toutefois, le mécanisme biologique responsable de cette complication certes rare (incidence estimée à 33,8 millions d’habitants chez les moins de 18 ans) mais grave restait incompris.
Dans ce contexte, des chercheurs issus de divers hôpitaux et instituts de recherche français ont tenté d’élucider au moins en partie cette inconnue, en explorant la proximité clinique entre les PIMS, le syndrome de Kawasaki et le choc toxique staphylococcique . En pratique, les scientifiques ont comparé le profil immunitaire (cytokines et cellules immunitaires) de 36 enfants atteints de PIMS avec celui de 16 personnes touchées par la maladie de Kawasaki diagonistiquées avant la pandémie, de 58 patients atteints de choc toxique staphylococcique et 42 personnes ayant contracté une forme plus classique de covid-19 (11 enfants, 31 adultes).
Une signature immunologique impliquant des lymphocytes T
Résultat : les chercheurs ont bien confirmé de nombreux points communs entre PIMS, syndrome de Kawasaki et syndrome de choc toxique staphylococcique. Au-delà de caractéristiques cliniques communes, des « similitudes importantes en termes d’expression de cytokines […] telles que des niveaux élevés de TNF-α, IL6, IL18 et IL1Ra » ont en particulier été relevées. « Ces observations confirment les rapports précédents montrant un chevauchement clinique et biologique entre le PIMS le syndrome d'activation des macrophages, et suggèrent l'importance de l'IFN-γ dans la maladie », concluent les auteurs.
Mais surtout, les chercheurs ont trouvé une caractéristique discriminante du profil immunologique présenté par les patients atteints de PIMS par rapport à ceux touchés par la maladie de Kawasaki, un choc toxique staphylococcique ou le Covid-19. « Nous avons découvert une expansion [polyclonale] spécifique des lymphocytes T Vβ21.3 + chez [75% des] patients testés PIMS », affirment les auteurs. Les cellules de cette lignée particulière s’avéraient par ailleurs activés transitoirement – jusqu’à quelques jours ou quelques semaines après l’épisode inflammatoire – et liés à la tempête de cytokines. « Nous avons observé une corrélation entre les expansions des lymphocytes T Vβ21.3 + et le niveau de cytokines sériques IL-18 et IL-1RA », expliquent les chercheurs.
Un moyen de diagnostic plus rapide ?
Ainsi, les cellules immunitaires responsables des PIMS sont désormais identifiées. Reste cependant encore à comprendre pourquoi ces cellules sont produites et activées en masse après une infection par le SARS-CoV-2. En attendant, plusieurs hypothèses sont avancées. Par exemple, les chercheurs avancent que cette expansion cellulaire Vβ21.3 + pourraient être causée par « une structure de superantigène » capable de se lier aux cellules du système immunitaire et de les activer. Concrètement, il pourrait s’agir d’un complexe immun composé par le SARS-CoV-2 et des anticorps. « Des mécanismes alternatifs peuvent aussi être proposés, tels que des réactions auto-immunes secondaires » mettant par exemple en jeu des auto-anticorps, indiquent aussi les auteurs. Enfin, pour eux, le caractère très rare des PIMS doit conduire à s’interroger quant à une susceptibilité génétique à cette maladie post-infectieuse.
En attendant, cette étude ouvre des perspectives quant au diagnostic et au traitement de cette réaction rare mais grave au SARS-CoV-2, plaide l’Institut Imagine pour qui « cette activation du système immunitaire peut être mesurée en moins de 24h et conduire à un diagnostic plus rapide ». En termes de traitement, « nous avons récemment soulevé l’importance critique de la thérapie stéroïdienne précoce dans la gestion du PIMS », rappellent les auteurs.
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