C’est un argument de plus en faveur de l’efficacité à long terme de la vaccination anti-Covid-19. Des cellules mémoire capables de reconnaître les variants actuels du SARS-CoV-2 pourraient être retrouvées non seulement après une infection, mais aussi après la primo-vaccination. C’est ce que suggère une étude française publiée en début de semaine dans la revue médicale Immunity.
La mémoire immunitaire, développée à la suite d’un premier contact avec un agent pathogène afin de prévenir d’éventuelles réinfections, repose sur deux phénomènes, rappelle par communiqué l’AP-HP. Le premier, la production d’anticorps neutralisants, apparaît très étudié dans le cadre de la réponse au Covid-19. Mais le second, la formation de cellules B mémoire capables de se réactiver rapidement en plasmocytes producteurs d’anticorps lors d’un nouveau contact avec le pathogène, apparaît moins connu vis-à-vis du SARS-CoV-2. Et ce, y compris dans le cadre de la réponse vaccinale au coronavirus, récemment pointée par diverses études pour sa durée de vie potentiellement faible surtout chez les sujets naïfs au virus.
Ainsi les chercheurs ont-ils proposé d’explorer la réponse des cellules B mémoire au SARS-CoV-2 : à la fois chez des individus ayant d’abord développé une immunité naturelle au virus (supposée robuste), et chez des individus vaccinés (immunité soupçonnée d'être de courte durée).
Pour ce faire, ces auteurs ont recruté d’une part 47 patients ayant contracté des formes modérées ou sévères de Covid-19 lors de la première vague ayant ensuite reçu une dose de vaccin Pfizer, et d’autre part 25 professionnels de santé sans antécédent d’infection à SARS-CoV-2 ayant été vaccinés par 2 doses de Comirnaty. Les titres d’anticorps ainsi que la maturation des cellules B mémoire de tous ces sujets ont alors été suivis avant l’administration de la seconde dose de vaccin (ou de la première chez ceux ayant été infectés) puis après la primovaccination complète.
Une mémoire sérologique et cellulaire « excellente » chez les sujets déjà infectés
Résultat : d’abord, de façon peu surprenante, les patients infectés lors de la première vague « développent, après une dose de vaccin, une excellente mémoire sérologique et cellulaire capable de reconnaître et de neutraliser les variants Bêta et Delta du SARS-Cov-2 », résume l’AP-HP.
De fait, dans cette cohorte, les titres d’IgG mesurés apparaissaient globalement stables entre 6 et 12 mois après l’infection (sauf peut-être chez ceux ayant développé une forme sévère, manifestant une « légère diminution » de ces taux d’anticorps), et fortement augmentés (d’un facteur 20 à 50) après l’administration d’une dose de vaccin. D’où le fort potentiel neutralisant du sérum de ces patients.
Par ailleurs, chez ces patients, des taux importants et stables de cellules B mémoire ont été observés entre 6 et 12 mois après l’infection, et ont même augmenté encore après l’injection du vaccin.
Une mémoire cellulaire qui augmente avec le temps chez les naïfs au SARS-CoV-2
Mais c’est surtout chez les individus initialement naïfs au SARS-CoV-2 que les résultats de ce travail interpellent.
Dans l’échantillon recruté, la qualité de la réponse sérologique s’avérait bel et bien moins efficace, déplore l’AP-HP. « Chez les patients naïfs au SARS-CoV-2, la seconde dose de vaccin ARNm a également induit une réponse IgG robuste bien que les titres soient restés inférieurs à ceux des patients guéris du SRAS-CoV-2 à tous les moments », d'où un pouvoir neutralisant moindre, précisent les auteurs.
Néanmoins, chez ces sujets sans antécédent d’infection à SARS-CoV-2, « le pool de cellules mémoire généré après la vaccination s'améliore au cours du temps et surtout contient des cellules capables de reconnaître et de neutraliser les variants actuels du SARS-CoV-2 », rassure l’AP-HP. « Bien que les individus naïfs aient eu des réponses sériques neutralisantes plus faibles, la moitié de leurs cellules B mémoire […] présentaient une affinité élevée vis-à-vis de plusieurs variants tels que le mutant Delta, et un tiers conservaient une puissance neutralisante contre bêta », détaillent les auteurs.
Au total, les auteurs concluent donc que les cellules B mémoire non seulement des infectés ayant reçu une injection de Comirnaty, mais aussi des non-infectés ayant reçu deux doses de vaccin à ARNm, protègent du SARS-CoV-2 et de ses variants actuels, « en soutien aux anticorps ».
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