L’immunité humorale acquise par les personnes guéries d’une infection au SARS-CoV-2 ne durerait que quelques mois. C’est ce que suggèrent les résultats préliminaires d’une étude britannique prépubliée sur le site web MedRxiv le 27 octobre, dans un contexte où la durée de vie des anticorps anti-SARS-CoV-2 fait encore débat.
De nombreuses investigations conduites à ce sujet ont en effet mené à des conclusions variées. Par exemple, un travail réalisé en Islande suggérait début septembre que l’immunité humorale pouvait être efficace contre le SARS-CoV-2 pendant une durée relativement importante – plus de 4 mois. À l’inverse, diverses études de cohortes ont mis en évidence une diminution rapide du titre d’anticorps présenté par des individus guéris du covid-19.
Face à ces incertitudes, des chercheurs de l’Imperial College de Londres et de l’Institut Ipsos Mori se sont à leur tour intéressés aux anticorps anti-SARS-CoV-2. Afin d'évaluer notamment leur durée de vie, ils ont mené entre juin et septembre une série de trois enquêtes. En pratique, trois groupes de 100 à 150 000 adultes britanniques chacun, ont été recrutés au hasard pour participer soit à la première investigation (réalisée au début de l'été), soit à la deuxième (au milieu de la saison), soit à la troisième (avant la rentrée). Ces volontaires ont chaque fois bénéficié à domicile d’un test sérologique capable de détecter la présence d’Ig G anti-SARS-CoV-2 dans des échantillons de sang capillaire.
Les formes asymptomatiques peu immunogènes
Résultat : en trois mois, une diminution de la prévalence des anticorps anti-SARS-CoV-2 a été observée. Autrement dit, la proportion de participants présentant des IgG anti-SARS-CoV-2 s'est avérée plus élevée lors de la première étude qu’au cours des deux enquêtes suivantes. « La prévalence des anticorps […] est passée de 6,0 % à 4,8 % et 4,4 %, soit une baisse de 26,5 % sur les trois mois de l'étude », précisent les auteurs de l’étude.
Si ces données suggèrent que plus d'un quart de la population britannique exposée au coronavirus pourrait avoir perdu ses anticorps anti-SARS-CoV-2 entre juin et septembre, les individus sans antécédent documenté de Covid-19 ayant contracté des formes asymptomatiques d’infection pourraient être particulièrement concernés par le phénomène. Dans cette sous-population, la chute de la prévalence des anticorps approcherait en effet 65 %.
Les personnes âgées moins bien protégées que les jeunes
Mais les individus ayant contracté des formes paucisymptomatiques de covid-19 ne seraient pas les seuls à présenter une immunité humorale très peu durable : les anticorps anti-SARS-CoV-2 produits par les personnes âgées auraient également une courte durée de vie. Si un déclin du nombre de personnes présentant des anticorps anti-SARS-CoV-2 a été constaté entre la première et la troisième enquête dans toutes les classes d’âges, « la plus importante diminution » de la proportion de tests sérologiques positifs observée sur la période a concerné les plus de 75 ans, indiquent en effet les auteurs.
Une immunité humorale plus durable après des expositions répétées ?
Bien que toutes ces données évoquent une immunité humorale anti-SARS-CoV-2 peu durable, il est, d'après les chercheurs, encore trop tôt pour conclure avec certitude à une augmentation de la probabilité de réinfection au fil du temps. C’est que la contribution à la défense anti-SARS-CoV-2 des anticorps, des lymphocytes T et des autres molécules et cellules immunitaires est encore mal comprise, expliquent-ils.
Les résultats de cette série d’investigations ainsi que les données disponibles sur d’autres coronavirus – pour la plupart assez faiblement immunogènes – peuvent toutefois guider sans attendre et par principe de précaution les politiques de santé publique. Par exemple, les « passeports d’immunité » devraient être évités, aurait affirmé à la Times Radio Wendy Barclay, professeur de virologie à l’Imperial College de Londres et co-auteur de l’étude. À noter que d’après elle, cette série d’enquêtes ne préjugerait pas de l’inefficacité potentielle des vaccins à venir. « Les vaccins fonctionneront différemment » et pourraient conférer une immunité plus longue, aurait-elle expliqué. Un des résultats de l’étude autorise à penser que la réalisation de rappels pourrait permettre de rendre l’immunité humorale anti-SARS-CoV-2 plus durable. Chez les soignants, exposés au virus de façon continue, aucune diminution de la prévalence des anticorps n’a en effet été observée.
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