15 % des formes graves de covid-19 pourraient être liées à des désordres génétiques ou auto-immuns. C’est ce que suggèrent deux études publiées le 24 septembre dans Science.
Dans la lignée des travaux de chercheurs ayant identifié au mois de juin un premier locus de susceptibilité aux formes sévères de covid-19, une équipe franco-américaine constituée en partie de chercheurs de l’Inserm et de l’AP-HP a en effet étudié le génome et le système immunitaire de patients hospitalisés pour des formes graves de covid-19, dont certains étaient inclus dans les cohortes French-Covid et CoV Contact.
D’après ces investigations, deux types de mécanismes, génétique et immunologique, pourraient mener à un défaut de production ou d’activité des interférons de type 1 (INF-1), associés à une défense antivirale adaptée. « Ces déficits précèdent l’infection par le virus » et expliquent à la fois « la maladie grave » et « le rôle crucial des IFN de type I dans la réponse immunitaire contre le SARS-CoV2 », soulignent dans un communiqué publié par l’Inserm Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel, coauteurs des études.
3-4 % des formes graves liées à des anomalies génétiques
3 à 4 % des formes graves de covid-19 pourraient être liées à des anomalies génétiques conduisant à un défaut de production d’IFN-1 délétère en cas d’infection par le SARS-CoV-2, conclut une des études. Sur les 659 patients hospitalisés pour des formes graves ayant participé à cette recherche, 23 auraient en effet présenté des mutations sur 13 gènes « déjà connus pour régir la réponse immunitaire contrôlée par les IFN de type I contre le virus grippal » et associés à « certaines formes sévères de grippe », explique l’Inserm.
Cet institut estime ainsi que les individus porteurs des mutations pourraient être identifiés précocement par dosage sérique des IFN-1. Une prise en charge adaptée comportant par exemple l’administration d’IFN-1 pourrait alors être proposée rapidement, sous réserve que ce type de traitement soit validé dans cette indication, avance l’institut de recherche.
10-11 % des formes graves associées à un phénomène auto-immun
De même, 10-11 % des formes sévères de covid-19 pourraient être associées à la sécrétion d’auto-anticorps anti-IFN-1 capables de neutraliser l’effet de ces cytokines. « Au moins 101 des 987 patients atteints de covid-19 mettant en jeu le pronostic vital étudiés présentaient des IgG auto-neutralisants dirigés contre [les IFN-1] », indiquent en effet les chercheurs dans leur autre étude.
Les patients symptomatiques présentant de tels anticorps pourraient être dépistés puis « bénéficier d’une plasmaphérèse ou d’autres traitements pouvant réduire la production de ces anticorps par les lymphocytes B », imagine l’Inserm.
En attendant, des travaux complémentaires sont attendus pour préciser l'origine de ces auto-anticorps. Le fait que 95 patients sur les 101 participants présentant ce type d’immunoglobulines soient des hommes – et qu’une des femmes concernées souffre d’une maladie génétique – évoque par exemple une cause génétique, liée au chromosome X. La production de ces anticorps pourrait par ailleurs être liée à l’âge, ces molécules ayant été détectées à près de 50 % chez des patients de plus de 65 ans, explique l’Inserm.
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