Plusieurs travaux ont mis en évidence une association entre pollution de l’air et morbidité cardiovasculaire. Pour certains auteurs, ce lien pourrait s’expliquer en partie par l’effet de la pollution sur la pression artérielle. Une étude conduite par l’Inserm et Sorbonne Université, et publiée dans Environmental Research va dans ce sens, en mettant en évidence une association entre HTA et exposition simultannée au carbone suie (CS), dioxyde d’azote (NO2), monoxyde d’azote (NO), monoxyde de carbone (CO) et ozone (O3).
Outre l’impact sur la pression artérielle (PA) de chacun de ses polluants aériens pris individuellement, ce travail a cherché à étudier leur effet conjugué.
À l'aide de capteurs portables individuels, les chercheurs ont mesuré sur une journée, pour chacun des 221 participants inclus, les concentrations de ces 5 polluants dans l’air ambiant à proximité de la zone de respiration. Ils ont collecté simultanément, toutes les demi-heures, les mesures ambulatoires de la PAS. Les participants étaient par ailleurs équipés d’un traceur GPS permettant d’appréhender leurs déplacements et d’un accéléromètre pour mesurer leur activité physique et estimer ainsi le débit respiratoire et la quantité de polluants inhalés.
Des élévations aiguës et rapides de la PAS
Cette surveillance continue a montré qu'une exposition simultanée à très court terme (en termes de concentrations ou de doses inhalées) aux polluants atmosphériques (NO2, NO, CO, O3 et CS) était positivement associée à la PAS, avec un effet porté essentiellement par l’ozone et le carbone suie. Dans les modèles de mélange, une augmentation d'un quartile des concentrations de polluants atmosphériques (CS, NO2, NO, CO et O3) au cours des 5 minutes précédentes était associée à une hausse de la pression artérielle systolique (PAS) de 1,92 mm Hg, tandis que des expositions plus anciennes (dans les 30 minutes à une heure précédant la mesure) n'étaient pas corrélées à des modifications de la PAS. « Ce qui témoigne de l’aspect immédiat de l’élévation de la pression sanguine en réponse à une augmentation des concentrations en polluants aériens dans le mélange étudié », analyse Basile Chaix, (directeur de recherche Inserm au sein de l’Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique), qui a coordonné ces travaux.
La pollution aérienne, cause d’hypertension ?
Pour le chercheur, « ces augmentations répétées de pression artérielle liées à l’exposition aux polluants de l’air en milieu urbain lors des déplacements pourraient contribuer, mois après mois et année après année, à une élévation chronique de la tension artérielle. »
Peu de travaux ayant utilisé ces méthodes de mesure et de modélisation pour étudier des mélanges plutôt que des polluants isolés, l’équipe de recherche précise qu’elle n’a pas, à l’heure actuelle, la possibilité de comparer ses résultats avec d’autres publications et que ceux-ci doivent donc être interprétés avec prudence.
Mais d’ores et déjà, « nos résultats plaident en faveur de la prise en compte de la pollution aérienne comme cause de l’hypertension et pour la mise en place de politiques publiques visant à diminuer l’exposition à cette pollution dans la vie de tous les jours et en particulier à réduire celle issue du trafic routier au cœur de nos villes », estime Basile Chaix.
Comme en écho, un rapport de l'Agence européenne de l'environnement (AEE) publié ce 24 avril, souligne une nouvelle fois le poids de la pollution en termes de morbimortalité y compris chez les plus jeunes. D'après l’AEE, même si la tendance est à l'amélioration, la pollution de l'air provoque ainsi encore chaque année en Europe le décès prématuré d'au moins 1 200 enfants et adolescents.
Car « malgré des progrès au cours des années passées, le niveau de plusieurs des principaux polluants de l'air reste au-dessus des recommandations de l'OMS, notamment dans le centre et l'est de l'Europe, ainsi qu'en Italie », souligne l'organisation.
Selon un autre rapport de l'AEE publié en novembre, au moins 238 000 personnes - tous âges confondus - sont mortes prématurément en 2020 en Europe à cause de la pollution de l'air dans les pays membres de l'agence (Union européenne, Turquie, Norvège, Suisse, Islande et Liechtenstein).
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