C’est un bilan négatif que dresse l’Académie de Médecine sur la place de la France dans les essais cliniques à promotion industrielle. Dans un rapport rendu public hier, l’Académie regrette le net repli de la France en 10 ans, passée d’une position de leader européen à la 6e place. Selon les Académiciens, ce recul a un double impact. Économique dans la mesure où les résultats de ces essais constituent le principal critère de mise sur le marché générant donc de nouveaux emplois (18 000 emplois directs au niveau des Clinical Research Organizations), et des recettes non négligeables dans le budget des hôpitaux. Médiatiquement, « ces essais contribuent au rayonnement de la médecine française dans le monde », pointe le rapport.
Si la France reste le premier pays de l'Union Européenne du nombre d’essais enregistrés dans la base de données clinicaltrial.gov, 18 000 depuis sa création, ils sont majoritairement d'origine académique. Ceux à promotion industrielle, ont diminué de 16 % en 2016 par rapport à 2012. La France n'a participé qu'à 20 % des protocoles réalisés en Europe en 2016 contre 27 % en 2012 et 48 % en 2008. La France est actuellement à la 6e place en nombre total d'essais cliniques pour les phases I, 7e place pour les phases II et III, très loin derrière l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne, mais aussi derrière la Belgique, les Pays-Bas et l'Italie (sauf pour les phases I pour cette dernière).
Lourdeurs administratives
Les Académiciens attribuent ce recul français à 4 facteurs. Le premier réside dans la diminution de l’offre thérapeutique française liée à un recul de l’industrie pharmaceutique française « qui n’a pas pris à temps le virage des biotechnologies, à la difficulté des Biotechs à atteindre une taille critique et des Medtechs à créer des leaders de taille mondiale ». Les lourdeurs administratives, « une spécificité française », seraient aussi à l’origine de retards. La capacité d’inclusion de patients dans les délais impartis serait insuffisante : « 33 patients inclus par protocole contre 49 en Allemagne. » Enfin, la démotivation des investigateurs apparaît comme un frein au développement des essais cliniques selon les Académiciens.
En conclusion de son rapport, l’Académie formule huit pistes de réflexion, en tête desquelles figure la réconciliation des Français avec leur industrie du médicament, la nécessité d’attirer les meilleurs talents dans notre pays et la dynamisation du fonctionnement de l’ANSM. Les cinq autres pistes sont de nature organisationnelles.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie