Les bénéfices de la chirurgie de la cataracte ne sont pas qu’ophtalmologique : ils sont aussi cognitifs. C’est ce que suggère une vaste étude prospective américaine du Journal of the American Medical Association conduite entre 1994 et 2021. D’après ses conclusions, l’opération de la cataracte permettrait en effet de réduire le risque de démence.
« Le handicap visuel constitue un important risque de démence », rappellent les auteurs du présent travail. Or, dans le monde, la cataracte est une des premières causes de cécité, qui affecte surtout les personnes âgées, déjà à risque de démence. « Cependant, les données concernant un lien entre opération de la cataracte et [diminution du risque de] troubles cognitifs ou de démence sont contradictoires », déplorent les auteurs. Par ailleurs, la plupart des études conduites jusqu’à maintenant souffrent de biais importants : taille réduite, mauvaise estimation de la démence, non prise en compte des comorbidités, etc.
Dans ce contexte, les chercheurs ont proposé de revenir sur l’évolution cognitive des patients atteints de cataracte, et de réestimer l’impact de la chirurgie sur le risque de démence. Pour ce faire, ils ont suivi pendant 8 ans en moyenne un plus de 3 000 patients de plus de 65 ans ne présentant à l’inclusion aucun signe de démence mais un diagnostic de cataracte – et un plus de 700 patients atteints de glaucome (groupe contrôle).
Une réduction de près de 30 % du risque de démence
Résultat : la chirurgie de la cataracte s’avère bien associée à une réduction du risque de démence. En effet, d’après les auteurs de l’étude, les volontaires souffrant de cataracte ayant bénéficié d’une opération (46%) présentaient un risque significativement plus faible (hazard ratio de 0,71) de développer une démence que ceux qui n’avaient pas subi de chirurgie de la cataracte. Et ce, quelle que soit le type de démence (maladie d’Alzheimer ou autre).
Au contraire, sans surprise, l’opération du glaucome (qui ne restaure pas la vision), s’avérait, dans l’étude, sans impact sur le risque de démence. « La chirurgie du glaucome n'avait pas d'association significative avec le risque de démence (risque relatif, 1,08) », précisent les auteurs.
Restaurer la vue et les stimulations cognitives
Pour l’auteure d’un article du JAMA publié le 1er février au sujet de ce travail, ces résultats pourraient s’expliquer simplement par le fait que la chirurgie de la cataracte restaure la vue – à l’inverse de l’opération du glaucome. « Les individus dont la cataracte limite la vision sont susceptibles d’éviter les contacts sociaux, l'exercice et l'activité, ce qui peut accélérer le déclin cognitif », explique-t-elle. Aussi l’opération de la cataracte agirait-elle surtout contre la démence en évitant indirectement la réduction des stimuli cognitifs. De plus, cette chirurgie pourrait permettre d’éviter « la surcharge cognitive [observée] lorsque les sujets [atteints de cataracte] essaient de compenser la perte de vision ».
Quoi qu’il en soit, les auteurs soulignent l’impact de leurs conclusions sur la prise en charge des personnes âgées, particulièrement à risque à la fois d’altérations de la vision dues à la cataracte et de démence. « Étant donné le degré substantiel avec lequel l'extraction de la cataracte est associée à un risque plus faible de démence […], l'amélioration de la qualité de vie des personnes concernées et de leur famille est probablement considérable », insistent-ils.
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