Les causes de mortalité maternelle évoluent. C’est ce qui se dégage du sixième rapport de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles en France (ENCMM), publié dans le dernier bulletin hebdomadaire de Santé publique France conjointement à deux autres études consacrées à la mortalité maternelle.
« La mortalité maternelle demeure un indicateur-clé de santé et de performance du système de soins maternels, même dans les pays riches, où elle est devenue rare », rappelle le BEH. Par rapport aux autres statistiques nationales, l’ENCMM, prend en compte non seulement les morts survenus pendant la grossesse et dans ses suites immédiates, mais aussi les décès maternels tardifs (survenant entre les 34 et 365e jours du post-partum).
La mortalité maternelle stable
Selon la dernière édition qui couvre la période 2013-2015, la mortalité maternelle reste globalement stable. De fait, sur cette période, 262 décès maternels ont été identifiés en France, soit un ratio de 10,8 décès pour 100 000 naissances vivantes à 1 an – similaire aux chiffres obtenus en 2010-2012 et 2007-2009, et dans la moyenne européenne.
Cependant, les causes de mortalité maternelle évoluent. « Pour la première fois depuis le premier rapport de l’ENCMM en 1996, l’hémorragie obstétricale n’est plus la première cause de mortalité maternelle », indiquent les auteurs de l’enquête. De fait, la prévalence des décès liés à cette problématique a été divisée par 2 entre 2007 et 2015, avec désormais « 8 % des décès maternels jusqu’à 1 an après la fin de grossesse » concernés.
14 % des décès maternels non expliqués
Au contraire, deux nouvelles grandes faucheuses se dégagent. À commencer par les pathologies cardiovasculaires, responsables de près de 14 % des morts maternelles. Sont en particulier pointées des cardiomyopathies préexistantes, des dissections aortiques et des cardiomyopathies du péri-partum.
Autre étiologie fréquente de décès maternel : le suicide. « Au total, 35 suicides maternels ont été enregistrés pour la période, soit 13,4 % des morts maternelles, soit environ 1 par mois, la grande majorité survenant après l’accouchement (34/35, 1 seul pendant la grossesse) avec une médiane de survenue à 4 mois post-partum », détaillent les auteurs de l’enquête. Des chiffres d’autant plus inquiétants que depuis, la santé mentale des femmes enceintes et des jeunes mères s’est significativement dégradée comme en témoigne la dernière enquête nationale périnatale.
À noter qu’une part non négligeable des décès maternels reste inexpliquée. « Pour 14 % des morts maternelles, l’étiologie n’a pas été établie », déplorent les auteurs, qui soulignent un tableau de « mort subite » dans « plus de la moitié » de ces cas énigmatiques.
Environ 60 % des décès évitables
Quoi qu’il en soit, tous ces chiffres et l’évolution des causes de décès maternels n’apparaissent pas fatidiques. « Globalement, 58 % des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables », indiquent les auteurs de l’enquête.
En fait, le changement des étiologies de décès maternels « met en lumière de nouvelles priorités, en rappelant que la santé maternelle ne se limite pas à la sphère obstétricale, ainsi que l’importance de la prévention et de l’éducation en santé pour les futures mères », analyse l’éditorial du BEH.
En outre, une analyse plus fine des cas de décès suggère la nécessité de lutter contre « la persistance d’inégalités sociales et géographiques de mortalité maternelle ». De fait, le taux de mortalité maternel reste trois fois supérieur dans les DROM, et 2,5 fois supérieur chez les femmes migrantes (et plus encore chez les migrantes venues spécifiquement d’Afrique subsaharienne). En cause notamment dans cette population : un accès aux soins réduit. En effet un article du BEH visant à « comprendre la surmortalité maternelle chez les femmes immigrées en France » souligne une fréquence non négligeable de deux types de retards de prise en charge : une décision de consulter tardive et une arrivée en établissement de santé tardive.
Vers un plan Maladies rénales ? Le think tank UC2m met en avant le dépistage précoce
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie