L’exposition à des facteurs de risque évitables se trouve à l’origine de près de la moitié des morts par cancer enregistrées dans le monde. C’est ce qui se dégage d’une étude réalisée dans le cadre du volet 2019 du projet Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors Study (GBD) – et parue ce mois d’août dans le Lancet.
« Le cancer est la seconde cause principale de décès dans le monde, et l’exposition à des facteurs de risque joue un rôle important dans la biologie (…) de nombreux types de cancers », rappellent les auteurs du présent travail. Et de précédentes études ont déjà permis de quantifier le fardeau des cancers liés à des facteurs de risque individuels et évitables dans divers pays ou régions du monde.
« Cependant, des estimations complètes des facteurs de risque de cancer n'existent pas pour de nombreux pays », déplorent les chercheurs. Et si une vaste étude avait déjà tenté d’estimer le fardeau mondial lié à 12 types de cancers et 9 facteurs de risques comportementaux et environnementaux sur la base de données de mortalité de l’OMS, « cette analyse était limitée à 2001 et n'a pas été (formellement) mise à jour », indiquent-ils.
Ainsi les chercheurs du programme Global Burden of Diseases, Injuries, and Risk Factors Study ont-ils voulu donner une estimation plus récente et exhaustive de la mortalité par cancer lié à des facteurs de risque évitables dans le monde. Pour ce faire, ils se sont penchés sur diverses données de plus de 200 pays – états civils, rapports d’autopsie, registres nationaux ou régionaux des cancers, etc. – recueillies entre 2010 et 2019. Plus précisément, ils se sont intéressés à 23 types de cancers et 34 facteurs de risque environnementaux, comportementaux ou métaboliques, soit à « un total de 82 couples risque-résultat (…) inclus sur la base des critères du Fonds mondial pour la recherche sur le cancer (World Cancer Research Fund) », détaillent les auteurs.
De plus en plus de décès par cancer lié à des facteurs de risque évitables ?
Résultat : l’étude « souligne qu'une proportion substantielle du fardeau lié au cancer dans le monde pourrait être prévenue grâce à des interventions visant à réduire l'exposition aux facteurs de risque de cancer connus », estiment les auteurs. Car selon leur analyse, 44,4 % des décès par cancer recensés dans le monde en 2019 étaient attribuables à des facteurs de risque évitables.
Un chiffre qui témoigne d’une augmentation mondiale de la part des décès par cancer liés à des facteurs de risque évitables. En effet, « de 2010 à 2019, les décès par cancer attribuables à des facteurs de risque ont augmenté de 20,4 % », indiquent les auteurs.
Sans surprise, les deux principaux facteurs de risque en cause sont le tabac et l’alcool. Facteur de risque qui se place en troisième position : l’IMC élevé. D’ailleurs, la part des décès par cancer attribuables à des risques métaboliques a particulièrement augmenté sur la période étudiée. Chez les femmes, les rapports sexuels non protégés semblent aussi associés à un nombre important de cancers mortels, en particulier dans les pays à bas revenus. Et chez les deux sexes, la pollution atmosphérique se dégage aussi.
Une part importante de décès par cancers non liés à des facteurs évitables
À noter que cette étude - dont une des principales limites concerne toujours un recueil de données insuffisant dans certains pays - ne prend pas en compte deux facteurs de risque de cancer connus : les infections (qui pourraient pourtant être à l'origine de 8 à 9 % des cas de cancer dans le monde, reconnaissent les auteurs) et l'exposition aux rayonnements ultraviolets (potentiellement à l'origine d'1 % des cas de cancer).
Quoi qu’il en soit, corollaire des résultats de cette étude : plus de la moitié des décès par cancers ne semblent pas liés à des facteurs de risque évitables. « Les cancers restent fondamentalement liés à la génétique et au vieillissement, et bien qu'il soit crucial de s'attaquer aux facteurs de risque évitables pour la prévention du cancer, cela n'éliminera jamais le fardeau lié au cancer », indiquent les auteurs, qui plaident ainsi également pour un diagnostic plus précoce, un meilleur dépistage et une prise en charge plus efficace.
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