« Chez les femmes primipares, les désordres hypertensifs de la grossesse (DHG) sont associés à un sur-risque important de survenue d’une HTA chronique dans les années suivant l’accouchement », est la principale conclusion d’une vaste étude venant d'être publiée dans le Bulletin hebdomadaire épidémiologique (BEH) de Santé publique France.
Un suivi durant 3 ans
Cette étude de cohorte est importante puisqu’elle a été réalisée à partir des données du Système national des données de santé (SNDS) qui a permis d’inclure 2 663 573 femmes primipares sans hypertension artérielle dans l’année précédant la grossesse (ayant accouché entre 2010 et 2018). Ces femmes ont été suivies pendant la grossesse bien sûr, et en moyenne durant trois ans à partir de la sixième semaine post-partum.
Parmi l’ensemble de ces femmes suivies, 180 063 (6,73 %) ont présenté un désordre hypertensif de la grossesse, dont 57 595 (2,13 %) une pré-éclampsie (PE) et 113 803 (4,27 %) une hypertension gravidique (HG). « Les femmes ayant développé un DHG étaient plus âgées et accouchaient à un âge gestationnel plus précoce. Elles avaient plus de risque d'être obèses, bénéficiaires de la CMUc, diabétiques, et d'avoir une césarienne, une mort fœtale in utero ou une hémorragie de la grossesse ou post-partum », précise le BEH.
Des risques d'HTA très augmentés
Au cours du suivi de 3 ans de ces femmes, « 47 533 (1,78 %) d’entre elles ont développé une HTA chronique ; ce taux était plus élevé chez les femmes ayant eu un DHG (8,69 % et 10,84 % pour les femmes avec une HG et une PE vs 1,23 % pour les femmes sans désordre) » insiste le BEH. Ainsi le Hazards Ratios (HR) de développer une HTA chronique était de 6,03 chez les femmes ayant eu une hypertension gravidique et de 8,10 chez celles ayant développé une pré-éclampsie, par rapport aux femmes sans problème tensionnel durant la grossesse.
Un suivi tensionnel et cardiovasculaire recommandé
Les auteurs de cet article rappellent que la société française d’HTA (SFHTA) recommande de prévoir pour les femmes ayant eu un DHG « une conusultation d’annonce à distance de l’accouchement ». Le but est d’expliquer le lien avec « la survenue future de maladies cardiovasculaires et rénales, d’insister sur l’importance d’un suivi multidisciplinaire, et d’assurer la mise en place de mesures de prévention ». La SFHTA conseille aussi d’effectuer un suivi régulier de la tension artérielle même si les chiffres de pression artérielle redeviennent normaux après l’accouchement, et d'évaluer les autres facteurs de risque cardiovasculaire de la femme. Dans l’étude publiée dans le BEH, près de 90 % des femmes ayant eu une HG ou une PE consultaient leur médecin généraliste au cours de l’année suivant l'accouchement. Les auteurs ajoutent que « le dépistage de l’HTA chronique chez ces femmes pourrait être amélioré en insistant sur l’importance du suivi tensionnel auprès des médecins impliqués dans la prise en charge, notamment les médecins généralistes et les médecins du travail ».
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