Voilà de quoi rassurer les mères atteintes de Covid-19 qui souhaitent allaiter. En cas d'infection, le SARS-CoV-2 ne passerait pas dans le lait maternel, lequel pourrait au contraire s'avérer protecteur pour les nourrissons via les anticorps qu'il contient. C’est du moins ce que suggère un travail espagnol conduit par l’hôpital Universitaire de Valence et le Conseil supérieur de la recherche scientifique (SCIC) du pays et prépublié sur la plateforme MedRxiv.
« Pendant la pandémie de Covid-19 […], l’allaitement par les femmes positives au SARS-CoV-2 a été mis à mal par des données contradictoires concernant une potentielle transmission virale [de la mère à l’enfant] », déplorent les auteurs de l’étude. De fait, au moins deux études ont rapporté la présence de virus dans le lait maternel, quand plusieurs autres ont abouti à la conclusion opposée. Dans ce contexte et parce que l’allaitement est considéré comme « le gold standard pour l’alimentation des nourrissons », les chercheurs ont proposé de déterminer si oui ou non le SARS-CoV-2 peut être détecté dans le lait des femmes contaminées. En outre, alors que d’autres scientifiques ont montré que des Immunoglobulines A (Ig A) pouvaient rapidement être détectées dans le lait maternel après contamination de la mère, l’équipe espagnole s’est aussi donné pour objectif de confirmer et de préciser cette découverte.
Pour ce faire, les chercheurs ont recruté entre avril et décembre un total de 60 mères infectées par le SARS-CoV-2 au moment de l’inclusion ou déjà guéries d’une infection par ce virus ainsi que « 13 femmes avant la pandémie » (témoins négatifs). « Un protocole spécifique a été validé pour détecter l'ARN du SARS-CoV-2 dans le lait [de ces mères] », expliquent-ils. La présence et les concentrations d’IgA, d’IgG et d’IgM spécifiquement dirigées contre le SARs-CoV-2 ont également été évaluées.
Des anticorps dans le lait maternel
Résultat : « tous les échantillons de lait ont montré des résultats négatifs à la présence d’ARN du SARs-CoV-2 », rapportent les auteurs. Et ce chez les femmes guéries du Covid-19 comme chez les femmes encore positives au virus.
Au contraire, des taux hauts et significatifs d’IgA, d’IgM et d’IgG neutralisantes ont été trouvés dans le lait de la majorité des femmes atteintes ou guéries du Covid-19. « Cependant, nous avons observé une forte variabilité […] de cette réponse humorale », admettent les chercheurs. D’abord, les femmes les plus symptomatiques ont présenté une plus forte réponse Ig A que celles asymptomatiques. Mais surtout, les mêmes types d’anticorps n’ont pas toujours été détectés chez toutes les femmes : si plus de 80 % des échantillons se sont avérés positifs à un des trois types d’anticorps, moins de la moitié contenaient ces trois types d’immunoglobulines à la fois. De fait, les Ig A et M semblent plus courantes (prévalence de près de 75 %) que les IgG (moins de 65 %). En termes cinétiques, « le taux de positivité pour les IgA était relativement stable dans le temps, alors qu'il augmentait de façon continue pour les IgG (47,8 % les dix premiers jours à 87,5 % de j 25 à j 206 après confirmation par PCR) ».
Quoi qu’il en soit, pour les auteurs, ces résultats confirment « la sécurité des pratiques d'allaitement » et suggèrent fortement l’existence d’un « transfert d'anticorps spécifiques du virus SARS-CoV-2 [de la mère à leur enfant], ce qui fournirait une immunité passive aux nourrissons allaités ». « Cette étude fournit des données cruciales pour étayer les recommandations officielles en matière d'allaitement », insistent-ils.
Des anticorps également après la vaccination
Forts de ces résultats, les chercheurs espagnols se sont également penchés, dans le cadre d’une autre étude pré-publiée, sur les anticorps – en particulier de type IgA et IgG – détectables dans le lait maternel après administration du vaccin de Pfizer, de Moderna ou d’Astrazeneca.
Après inclusion d’environ 70 femmes allaitantes, les chercheurs ont trouvé dans le lait de ces femmes une réponse humorale à la vaccination, en particulier après la seconde dose de vaccin. L’intensité de cette réponse ainsi que la persistance d’anticorps anti-SARS-CoV-2 dans le lait maternel dépendaient toutefois du type de vaccin (les vaccins à ARNm semblent associés à de plus forts taux d’anticorps dans le lait que le vaccin d’AstraZeneca) et de l’exposition au virus (les femmes préalablement infectées par le SARs-CoV-2 présentaient après une seule injection des taux d’anticorps équivalents à celles naïves au virus ayant reçu deux doses). Des résultats qui pourraient plaider en faveur de la vaccination des femmes désireuses d'allaiter leur enfant.
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