Après Timothy Ray Brown connu sous le nom du « Patient de Berlin », premier patient considéré comme guéri du Sida, le Lancet publie un nouveau cas similaire de négativation du portage viral 30 mois après une greffe de moelle.
Il s'agit d’un homme infecté par le VIH (mais sans signes de Sida maladie sous traitement antirétroviral) chez qui un diagnostic de maladie de Hodgkin a été posé. En se fondant sur les données déjà obtenues sur le « Patient de Berlin », le choix du donneur de greffe de moelle s’est orienté sur un porteur d’une mutation homozygote CCR5-delta 32.
Une mutation protectrice
C’est en 1996 qu’un premier gène de résistance au VIH a été découvert : le gène CCR5-delta32 qui modifie un récepteur de surface et empêche la fixation du virus aux cellules. La piste suivie pour les deux patients greffés est directement issue de cette découverte. Les patients présentant une délétion homologue du récepteur CCR5-delta 32 des CD4 ne peuvent, de ce fait, être infectés. Cette mutation est portée de façon hétérozygote par 10 à 20 % de la population caucasienne et de façon homozygote par seulement 1 % de cette même population, avec une présence plus importante dans les pays baltes, en Bretagne et dans les pays du nord de l’Europe. Elle est totalement absence en Afrique, Asie et Inde.
Pour traiter l’hémopathie – et tenter de lutter en même temps contre l’infection à VIH - une chimiothérapie d’intensité réduite et une irradiation corps total ont été réalisées avant la transplantation. Le traitement antirétroviral a ensuite été suspendu sans qu’aucun rebond de multiplication viral ne soit constaté, comme c’est le cas habituellement.
Il s’en est suivi une période de 30 mois au cours de laquelle des prélèvements de sang, de sperme, de LCR ainsi que des biopsies ganglionnaires, gastriques et anales ont été effectués. Aucune activité virale n’a été mise en évidence dans ces différents prélèvements, et le taux de CD4 s’établissait à 430 à 28 mois.
De plus, 90 % des cellules immunitaires du patient étaient dérivées des cellules souches du donneur, ce qui laisse présager une guérison à 99 % de la maladie hématologique. Et contrairement au « Patient de Berlin » qui avait présenté un deuxième cancer dans les suites de sa première chimiothérapie intensive, il semblerait que le risque soit minimisé du fait d’une adaptation du protocole. Néanmoins, un suivi régulier sanguin a été planifié.
Pour autant, peut-on imaginer généraliser ce traitement ou proposer des thérapies cellulaires spécifiques interagissant avec ce gène ? Sûrement pas selon les éditorialistes. Néanmoins, cette piste thérapeutique doit être amplifiée puisque la preuve du concept est faite.
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