De nouvelles recherches montrent une association linéaire entre l'augmentation de la mortalité et un apport en sodium important, et ce, même avec des faibles prises de sodium. En effet, plus la consommation de sel est faible, plus le taux de survie est élevé. Cette étude, composée de deux essais cliniques de phases I et II sur des personnes préhypertendues, a été publiée dans the Journal of the American College of cardiology (JACC). Ces travaux sont contradictoires avec l’hypothèse toujours débattue « de la courbe en J ». Celle-ci précise que, passé un certain seuil, consommer trop peu de sel devient néfaste pour l’organisme. Tout comme en consommer trop !
Ces travaux comportaient deux essais cliniques menés dans les années 1990 sur des personnes âgées entre 30 et 54 ans : un de phase I qui a duré 18 mois (THOP1) et un de phase II qui a duré 36 mois (THOP2). Les participants étaient divisés en un groupe contrôle et un groupe d’intervention qui a suivi un régime diététique avec une hausse de la consommation de fruits et légumes et qui permettait de réduire la consommation de sel et de graisses saturées. Des échantillons d’urines étaient collectés afin de mesurer la dose de sodium excrété. Après cela, les individus ont été suivis pendant 24 ans en moyenne afin d’évaluer le taux de mortalité en fonction de la consommation de sel. Les résultats montrent une baisse non significative de la mortalité de 15 % pour les groupes d’interventions. De même, les scientifiques ont défini 4 classes de patients en fonction des valeurs moyennes de sodium excrétés. Ils ont ainsi pu constater une association linéaire directe entre l’apport moyen de sodium et la mortalité.
Courbe en J ou relation linéaire : le débat reste ouvert
Ces observations vont à l’encontre de l’hypothèse comme quoi il existe « une courbe en J » alors que son existence est suggérée par plusieurs études de cohortes dont une méta-analyse parue dans the American Journal of hypertension en 2014 ou une autre publiée dans the New England Journal of Medicine la même année. En outre, dans un éditorial signé en partie par Salim Yusuf, un cardiologue et épidémiologiste réputé, cette absence de courbe en J reste très discutée. Ce spécialiste a d'ailleurs lui aussi publié des travaux sur le sujet en faveur de la courbe. « Il y a une lutte très violente sur ce sujet de la consommation de sel dans la population générale car les recommandations de l’OMS et des agences sanitaires des grands pays (États-Unis, Grande Bretagne, France…) veulent un bannissement du sel dans l’alimentation. Mais les données nouvelles indiquent que c’est le sel en excès qui est défavorable à la santé en particulier des hypertendus (plus de 12 à 14 g de sel/j), mais que dans la population générale le manque de sel n’est pas sans effet et qu’il est même défavorable à la bonne santé », explique le Pr Xavier Girerd, cardiologue - hypertensiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris).
Ces travaux présentent certaines limites. « Sur le plan scientifique, les données du Pr Whleton ne sont pas nouvelles et ne portent que sur 3 000 sujets suivis aux USA, alors que les données de Yusuf portent sur 133 000 sujets suivis dans le monde entier », souligne Le Pr Girerd. Apparemment, les données n’ont pas la puissance nécessaire pour estimer les effets aux extrémités de la courbe. Enfin, il est possible que la consommation accrue de fruits et légumes ainsi qu’une diminution de graisses saturée dans l’alimentation jouent également un rôle dans la réduction de la mortalité. Celle-ci ne serait donc pas uniquement due à la baisse de sodium.
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