Un peu plus de 3 mois après le début de la campagne de vaccination anti-grippale en France, une étude revient sur une des originalités de cette saison : la possibilité de co-administrer un vaccin anti-Covid-19 et un vaccin antigrippal. En effet, les résultats d’un essai de phase 2 publié dans le Lancet Respiratory Medicine par une équipe franco-américaine de chercheurs de Sanofi-Pasteur confirment l'efficacité et l’innocuité de la mesure.
La co-adminsitration encouragée chez les plus de 65 ans
Pour rappel, fin octobre, les autorités sanitaires invitaient à proposer en même temps la vaccination anti-Covid et la vaccination antigrippale aux personnes éligibles « afin d’éviter tout délai dans l’administration de l’une ou l’autre de ces injections ». « Les deux injections peuvent être pratiquées le même jour, sur deux sites de vaccination distincts (un vaccin dans chaque bras) [et] en cas d’administrations séparées, il n’y a pas de délai minimum à respecter entre les deux vaccinations », précisait la DGS. Une étude anglaise pré-publiée, ComFluCov, avait d’ailleurs validé la bonne tolérance et la haute immunogénicité de cette co-adminsitration.
Toutefois, cette investigation ne concernait que la primo-vaccination de vaccins Covid-19. Ainsi, alors que le rappel de vaccin anti-Covid a été ouvert aux personnes vulnérables puis au reste de la population, rien ne permet d’attester de la sécurité et de l’efficacité de l’injection concomitante de la 3e dose de vaccin anti-Covid et d’un vaccin anti-grippal.
Dans ce contexte, les chercheurs de Sanofi Pasteur se sont penchés sur la co-adminsitration d’une part de leur vaccin Efluelda, utilisables chez les plus de 65 ans, et d’autre part du rappel de Spikevax, à préférer chez les personnes âgées car légèrement plus efficace dans ce public que le vaccin anti-Covid de Pfizer. Ils ont recruté et suivi pendant 22 jours environ 300 volontaires de plus de 65 ans entièrement primovaccinés depuis plus de 5 mois et randomisé ces sujets en 3 groupes de taille similaire : un groupe de patients s’est vu injecter les deux vaccins, un deuxième a reçu uniquement Efluelda, et un dernier a reçu uniquement Spikevax.
Un profil de tolérance comparable à celui de Spikevax seul
Résultat : « aucun problème de sécurité […] n’a été observé lors de l’administration concomitante du vaccin antigrippal tétravalent à haute dose et de [Spikevax] chez les adultes âgés de 65 ans et plus », rapportent les auteurs dans leur publication. De fait, aucun effet secondaire grave ou suspect ni aucun décès n’ont été recensés pendant l’essai. Seuls 7 participants, dont 3 issus du groupe co-administration, ont signalé un évènement indésirable « médicalement assisté ».
En fait, les chercheurs décrivent surtout des profils de réactogénicité similaires entre les groupes co-administration et Spikevax seul. En effet, dans les deux premiers groupes, environ 90 % des patients ont rapporté des réactions au site d’injection, et environ 80 % des réactions systémiques peu graves – contre 62 % de réactions locales et 50 % d’effets indésirables généraux dans le bras Efluelda seul.
Une efficacité maintenue
De plus, aucun phénomène d’« interférence immunitaire » susceptible d’abaisser l’efficacité des deux vaccins n’a été relevé. « Les titres d'anticorps inhibant l'hémagglutination ont augmenté à des niveaux similaires dans les groupes coadministration et [Efluelda], pour chaque souche grippale (A/H1N1, A/H3N2, B/Yamagata, B/Victoria) », assurent les auteurs. De même, les chercheurs rapportent une augmentation équivalente des titres d’anticorps spécifiques du SARS-CoV-2 dans les groupes coadministration et Spikevax seul.
Au total, pour les chercheurs, cette étude « appuie les recommandations de co-adminsitration » édictées dans divers pays tels que la France, où la campagne de vaccination anti-grippale se poursuit jusqu’à la fin du mois.
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