La vaccination anti-covid-19 est-t-elle efficace et sûre chez les jeunes enfants ? C’est en tout cas ce que suggère une publication du Lancet Infectious Diseases. Parue lundi, cette étude est la première à rapporter des résultats d’immunogénicité et de tolérance chez l’enfant de plus de 3 ans avec un vaccin anti-covid-19 : le vaccin entier inactivé avec adjuvant CoronaVac du laboratoire chinois Sinovac, déjà commercialisé dans divers pays d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Europe de l’Est.
Voilà un mois déjà que dans la lignée des États-Unis, l’Europe puis la France ont autorisé la vaccination des adolescents de plus de 12 ans avec le vaccin de Pfizer. Si l’intérêt d’une telle extension d’indications fait débat - certains défendant des bénéfices même indirects pour les adolescents et d’autres pointant une vaccination purement altruiste d’impact limité - il apparaît relativement admis que dans cette population, l’efficacité et l’innocuité du vaccin sont bien établies. « Mais on a encore peu d’informations sur la sécurité des vaccins chez les enfants plus jeunes », déplorait il y a quelques semaines Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie (SFP). Ce que les pédiatres craignent en particulier, c'est la possibilité que le vaccin provoque des syndromes inflammatoires multisystémiques pédiatriques (PIMS). D’où la nécessité de mener des études spécifiques en pédiatrie, ce à quoi s'emploient divers laboratoires.
Sinovac a ainsi initié en octobre dernier un essai monocentrique, contrôlé, randomisé et en double aveugle de phase 1/2, qui visait à évaluer la sécurité, la tolérance et l’immunogénicité de son principal vaccin chez des enfants de 3 à 17 ans. Pour ce faire, 550 enfants en bonne santé et non infectés par le SARS-CoV-2 ont été recrutés (72 en phase 1, 480 en phase 2) et ont reçu, à 28 jours d’intervalle, soit deux injections de placebo, soit deux injections d’1,5 μg de CoronaVac, soit deux injections de 3,0 μg du vaccin (dose utilisée chez l’adulte).
Le vaccin immunogène chez l’enfant
Résultat : en termes d’efficacité, le vaccin induit bien chez l’enfant une réponse humorale à j28 après la seconde injection. Et ce quels que soient la dose utilisée et l'âge. De fait, « en phase 1, 100 % des participants à la fois du groupe 1,5 µg et du groupe 3 µg […] ont présenté des anticorps anti-SARS-CoV-2 », un chiffre qui restait de 97 % en phase 2, résume les auteurs.
Cependant, des réponses immunes fortes, associées à des titres importants d’anticorps neutralisants, ont surtout été détectées chez les enfants qui ont reçu la dose la plus élevée de vaccin – qui sera donc conservée par les chercheurs dans leurs études ultérieures. En phase 1 comme en phase 2, la moyenne géométrique des titres d’anticorps apparaissait plus élevée parmi les enfants ayant reçu deux injections de 3 µg de vaccin (titre moyen de 117 en phase 1 et de 142 en phase 2) que chez ceux ayant reçu deux injections d’1,5 µg (titre moyen de 55 en phase 1, et de 86 en phase 2). À noter toutefois que ces titres d'anticorps neutralisants apparaissaient dans les deux cas supérieurs à ceux observés chez l’adulte (44 chez les 18-59 ans), ce qui augure une efficacité importante chez l’enfant.
Pas d’effet secondaire grave détecté
Mais surtout, aucun effet secondaire grave n’a pour le moment été détecté. Si 26 % des enfants du groupe 1,5 µg et 29 % de ceux du groupe 3 µg ont en effet rapporté des effets indésirables pour la plupart faibles ou modérés, le plus courant étant la douleur au site d’injection, c’était également le cas de 24 % des participants du groupe contrôle. Par ailleurs, le seul effet secondaire grave recensé pendant l’essai - un cas de pneumonie – a été rapporté dans le groupe contrôle, et n’a pas pu être relié au vaccin, plaide le Lancet.
Reste néanmoins à vérifier la sécurité du vaccin sur un nombre plus élevé de participants et sur une durée plus longue afin de s’assurer de l’absence de réactions post-vaccinales rares ou retardées. Un recul que certains pays choisissent toutefois de ne pas attendre, à l’instar de la Chine. D’après le Lancet, le pays se préparerait dès maintenant à vacciner les enfants de plus de 3 ans avec le vaccin de Sinovac.
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