Les cas de thromboembolies atypiques récemment déclarés après administration du vaccin d’AstraZeneca pourraient bel et bien être liés à une réponse immunitaire anormale proche de celle observée dans le cadre de la thrombopénie induite par l’héparine (TIH). C’est ce que ce suggèrent les résultats de plusieurs études publiées jeudi dans le New England Journal of Medicine (NEJM).
Voilà plusieurs jours que l’hypothèse était en effet avancée. Par exemple, l’ANSM, dans son point sur la surveillance des vaccins du 16 avril, évoquait cette réponse post-vaccinale atypique conduisant à la synthèse d’un auto-anticorps dirigé contre le facteur 4 plaquettaire (PF4).
Pour étayer cette piste, les auteurs des trois études du NEJM ont recherché auprès de trois séries de patients présentant une thrombose et éventuellement une thrombopénie des points communs avec les TIH, dont la présence d’auto-anticorps dirigés contre le PF4.
Des auto-anticorps chez la quasi-totalité des patients
Résultat : chez la plupart des 39 patients atteints de thromboses atypiques accompagnées de thrombopénie recrutés par les chercheurs en Allemagne, en Norvège, ou au Royaume-Uni, une activation systémique de la coagulation a pu être suspectée. « De hauts niveaux de d-dimères et de bas niveaux de fibrinogène étaient communs », résument les auteurs d’un éditorial publié jeudi par la revue scientifique.
Mais surtout, des auto-anticorps ont été retrouvés chez une écrasante majorité de patients. « Chez presque tous les patients, de fortes concentrations [d'anticorps anti-PF4] ont été identifiées par ELISA ou par des tests d'activation des plaquettes », rapportent les auteurs de l’éditorial.
Si ces données renforcent les présomptions initiales, de plus amples recherches sont nécessaires.
L’élément déclencheur encore inconnu
Car reste encore à comprendre le mécanisme exact de déclenchement de cette réaction post-vaccinale. « Quel (s) composant (s) du vaccin (séquence adénovirale, protéine de pointe ou autre composant) déclenche(nt) la réponse ? [...] La distribution atypique des thrombus est-elle liée à la localisation de l'antigène ou à la réponse vasculaire? La thrombose se propage-t-elle le long des surfaces vasculaires et hématopoïétiques qui libèrent divers cofacteurs anioniques, comme dans la thrombopénie induite par l'héparine? », s’interrogent par exemple les auteurs de l’éditorial. D’après eux, une relation de cause à effet directe entre les anticorps anti-PF4 et la constitution de thromboses post-vaccinales resterait même encore à mettre en évidence.
En outre, des facteurs de risque associés à ce genre d’effets indésirables demeurerent aussi à identifier. Pour ce faire, les chercheurs ne devraient d’ailleurs pas s’attacher qu’à analyser les caractéristiques cliniques des patients touchés, mais aussi à étudier « la prévalence et le titre d’anticorps anti-PF4 chez tous les vaccinés », jugent les auteurs de l’éditorial. « Bien que les anticorps anti-PF4 soient courants [...], la thrombopénie induite pas l’héparine ne l’est pas, et ce n’est que dans de rares cas qu’une thrombose du sinus veineux cérébral ou des vaisseaux abdominaux se développe », rappellent-ils.
La prescription d’antibiotiques en ville se stabilise
Le Parlement adopte une loi sur le repérage des troubles du neurodéveloppement
Chirurgie : les protocoles de lutte contre l’antibiorésistance restent mal appliqués, regrette l’Académie
L’orchestre symphonique des médecins de France donne un concert « émouvant » en hommage aux victimes du cancer du sein