La prophylaxie pré-exposition (PrEP) à la demande est une alternative aussi efficace et sûre que la PrEP quotidienne dans la prévention du VIH. Telle est la conclusion de l’étude ANRS-Prévenir publiée fin juin.
Depuis 2015, la PrEP est recommandée par l’OMS comme outil de prévention pour les personnes à haut risque d’infection par le VIH, notamment pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). Si son efficacité a été largement démontrée, « son déploiement n’est pas optimal et a même reculé en France à la suite de la pandémie de Covid-19 », souligne l’ANRS - Maladies infectieuses émergentes dans un communiqué. Dès lors, « l’élargissement des modalités de prise orale de la PrEP (avec la prise à la demande) ou la mise au point d’autres dispositifs (injection de molécules à longue durée d’action, implants, anneaux vaginaux…) pourrait faciliter son adoption plus large par les populations cibles », estime l’agence.
Dans ce contexte, l’étude ANRS-Prévenir a cherché à évaluer l’efficacité, l’adhésion et la sécurité de la PrEP prise soit en régime quotidien soit à la demande, dans la prévention du VIH-1. Entre mai 2017 et mai 2019, 3 056 personnes à haut risque d’infection par le VIH (dont 98,7 % d’HSH et 1,3 % de femmes transgenres) ont été incluses dans 26 sites en région parisienne, « l’une des régions de France qui comptabilise le plus de nouvelles infections annuelles par le VIH », souligne l’ANRS-MIE.
Ces volontaires ont bénéficié d’un traitement préventif par l’association fixe ténofovir disoproxil/emtricitabine prise de façon quotidienne (régime choisi par 50,5 % des participants), ou à la demande, avant et après les rapports sexuels (49,5 % des volontaires). Il était possible de changer de régime librement au cours de l’étude. Tous les trois mois, les sujets inclus bénéficiaient d’un suivi avec des conseils sur l’observance de la PrEP et la réduction des risques, d’un dépistage du VIH et réalisaient une auto-déclaration de l’adhésion à la PrEP.
Une efficacité comparable entre prise quotidienne ou à la demande
Déjà présentés au congrès de la CROI, les premiers résultats (portant sur des données cumulées jusqu’en septembre 2020) viennent de paraître dans le Lancet HIV du 27 juin. Après un suivi moyen de plus de deux ans, l’incidence du VIH sous PrEP était faible et ne différait pas entre les deux groupes avec trois cas d’infections dans chaque bras (soit 1,1 cas pour 1 000 personnes-années). Pour chacune de ces contaminations, les participants avaient arrêté la PrEP quelques semaines ou mois avant le diagnostic du VIH. Parmi eux, une mutation de résistance à l’emtricitabine a été détectée.
A contrario, les chercheurs ont estimé que 361 infections ont été évitées. « Contrairement à notre objectif initial, il n’a pas été possible d’évaluer l'impact de cette cohorte sur l'épidémie de VIH parmi les HSH de la région parisienne, précise le Pr Jean-Michel Molina (coordinateur de l'étude), en raison de la rareté des données fiables sur le nombre de nouveaux diagnostics de VIH en France causée par la sous-déclaration pendant la pandémie de Covid-19 en 2020 ».
D'autres IST rapportées
Si peu de contaminations par le VIH sont à déplorer, d’autres infections ont été rapportées dont 43 cas d’hépatite virale (majoritairement hépatites C) et différentes infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes (chlamydia, gonorrhée, Mycoplasma genitalium, syphilis). « Le nombre de rapports sexuels sans préservatif rapporté dans cette étude pourrait expliquer ces cas d'IST », analyse le Pr Jean-Michel Molina.
Côté tolérance, l'incidence des effets indésirables liés au médicament était globalement faible, seuls quatre participants (deux dans chaque groupe) ayant arrêté la PrEP du fait d’effets secondaires (nausées, vomissements, diarrhée, douleurs lombaires).
Une approche plébiscitée
Au total, « cette étude, a apporté de nouvelles preuves en faveur de l’ajout de la Prep à la demande dans l’offre de prévention du VIH », conclut l’ANRS-MIE.
Avec près de la moitié des participants ayant opté pour la PrEP à la demande « cette étude met aussi en lumière la proportion de HSH intéressés (par cette option) ».
« Cependant, les HSH ne représentent que 43 % des nouveaux diagnostics de VIH en France. Il est donc crucial de poursuivre les recherches pour évaluer ce régime à la demande dans d'autres groupes à haut risque et avec différentes combinaisons de molécules antirétrovirales », insiste le Pr Molina.
L’étude ANRS-Prévenir a été promue par l’ANRS - Maladies infectieuses émergentes, qui a participé à son financement avec Sidaction, la région Île-de-France et Gilead.
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