Alors que le Dry January (ou mois sans alcool) bat son plein, de nombreuses voix mettent en exergue les bénéfices santé de l’abstinence alcoolique même temporaire. Mais qu’en est-il exactement ?
En plus d’être associé à des changements de consommation, une période d’un mois sans alcool « permettrait l’amélioration de paramètres physiologiques, cognitifs, de bien-être et de qualité de vie », résume l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), qui a publié en 2021 une expertise collective sur la réduction des dommages associés à l’alcool.
Des consommations moins fréquentes
Plusieurs enquêtes réalisées au Royaume-Uni (où le Dry January est instauré depuis longtemps) ont en effet montré un impact sur la fréquence des consommations persistant plusieurs mois, sans effet rebond. Selon De Wisser et al., six mois après le Dry January, la fréquence moyenne des consommations des participants avait chuté de 25 % (passant de 4,3 jours par semaine en moyenne à 3,3) avec une diminution de 20 % du nombre quotidien d’unités consommées (7,1 vs 8,6 auparavant) et une baisse de la fréquence des ivresses de 40 % (2,1 vs 3,4). Un autre travail fait aussi état d’une plus grande capacité à refuser une consommation d’alcool.
Un impact sur la pression artérielle
L’expérience britannique suggère également des bénéfices physiques directs. Dans une enquête en ligne réalisée auprès des participants de l’édition 2018 du Dry January, 70 % estimaient être en meilleure santé, 71 % avaient un sommeil de meilleure qualité, 67 % ressentaient un regain d’énergie, 58 % avaient perdu du poids et 54 % considéraient avoir une plus belle peau. En France, une petite étude ayant interrogé 47 personnes ayant relevé le défi du Dry January et 24 non-participants fait un constat proche.
Du point de vue cognitif, « sont aussi rapportées des améliorations en termes de concentration et de performance au travail », indique l’Inserm.
Une étude prospective conduite par Metha et al. retrouve par ailleurs « des bénéfices sur plusieurs facteurs de risque de maladie chronique », souligne le Pr Mickael Naassila, président de la Société française d’alcoologie. Chez des sujets sains ayant initialement une consommation hebdomadaire minimum de 5 verres pour les femmes et 6 pour les hommes, les auteurs observent, après un mois d’abstinence, une diminution de la résistance à l’insuline (- 26 % pour l’indice Homa), du poids (- 1,5 %), de la tension artérielle (- 6,6 % pour la PAS et - 6,3 % pour la PAD) et de certains facteurs de croissance liés au cancer.
Les bénéfices en prévention secondaire sont moins documentés. « Si la littérature scientifique est riche concernant les études cliniques qui ont démontré le rôle de la consommation d’alcool dans de nombreuses pathologies, moins d’études existent concernant les effets de l’abstinence », pointe l’expertise collective de l’Inserm.
Quoi qu’il en soit, plus que la réduction directe des risques liés à l’alcool, l’objectif des campagnes d’incitation à l’abstinence temporaire « est surtout de sensibiliser la population, et d’inviter chacun à se questionner sur son rapport à l’alcool et sur sa consommation », souligne le Pr Naassila.
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