Plus d'un adulte français sur cinq (22 %) dépasse en métropole les repères de consommation d'alcool à moindre risque, une proportion en baisse après une stagnation en 2017-2020, ce qui est un signal encourageant, salue Santé publique France dans son « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 13 juin. Ceci d'autant plus que la crise du Covid laissait craindre un dérapage des consommations.
L'étude s'appuie sur le baromètre de Santé publique France 2021 : plus de 24 500 adultes en métropole et 6 500 dans les Drom (hors Mayotte) ont été sondés sur leur consommation d'alcool au cours de la semaine précédente et notamment, leur comportement à l'égard des repères sous lesquels la consommation est « à moindre risque » (toute consommation restant à risque) : pas plus de dix verres standards par semaine, pas plus de deux verres par jour et deux jours sobres minimum par semaine.
Une baisse surtout chez les hommes
En 2021, plus de la moitié des adultes (54 %) déclarent avoir consommé de l'alcool au cours de la semaine précédente, comme en 2020. Ils sont 22 % à avoir une consommation à risque contre 23,7 % en 2020. Cette proportion s'élève à 30,6 % chez les hommes (versus 33,3 % en 2020) et 13,8 % chez les femmes (versus 14,7 %).
La baisse est portée par les hommes, surtout les jeunes, les seniors (hommes et femmes de 65 à 75 ans) et les plus favorisés (en termes de diplômes et de revenus). « Le contexte de pandémie pourrait avoir réduit les occasions festives pour les premiers tandis que les seconds auraient pu limiter les moments conviviaux propices à la consommation pour prévenir d'éventuelles contaminations », lit-on. Les personnes aux revenus les plus faibles ou les moins diplômés (surtout les femmes) ont une probabilité plus faible d'avoir dépassé les repères.
SPF pointe en outre des variations géographiques : les excès sont moindres en Île-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et dans les Drom, alors que la proportion d'adultes dépassant les repères est supérieure à la moyenne nationale en Bretagne, Pays de la Loire et Auvergne Rhône-Alpes, et dans le Grand Est pour les hommes.
Une meilleure connaissance des repères
Autre signal encourageant, les connaissances des Français sur les repères et les dommages de l'alcool - responsable de 41 000 décès par an - augmentent, comme en atteste un sondage sur la perception des risques. Près de 84 % des adultes citent le seuil de deux verres, 87 % celui des deux jours sobres et 88 % sont d'accord avec l'affirmation « la consommation d'alcool peut augmenter le risque de cancer », contre 84 % en 2020.
Mais il reste nécessaire de continuer à informer sur les risques de la consommation d'alcool, même à faibles doses car encore un quart des Français pense que boire un peu de vin protégerait du cancer. SPF invite à réitérer les campagnes médiatiques d’information et de marketing social, à agir sur les prix et à encourager l'apposition de messages sanitaires sur les contenants des boissons alcoolisées, une mesure en discussion au niveau européen. L'Inserm, auteur d'une expertise en 2021, rappelle dans un autre article du « BEH » l'importance de rétablir et renforcer la loi Evin pour réguler plus strictement la publicité et protéger les plus jeunes, et de développer les interventions pour renforcer les compétences parentales et psychosociales des enfants.
Les experts insistent enfin sur le rôle des professionnels de santé dans le dépistage systématique d'une consommation d'alcool, et dans la proposition d'interventions brèves, au rapport coût/efficacité positif établi, auxquels ils devraient être mieux formés.
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