Quel est l’impact sanitaire et économique de l’ambroisie en France ? C’est sur cette question que s’est penchée spécifiquement l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). « Nos résultats désignent l’ambroisie comme une problématique de santé publique à l’échelle nationale, tant sur les territoires où son implantation est forte que sur des régions nouvellement ou encore peu infestées », conclut le rapport de l’agence publié vendredi.
Un pollen particulièrement allergisant
Peu connue il y a encore quelques années, « l’ambroisie est la plante la plus allergisante en France devant le cyprès, le bouleau et les graminées », souligne Valérie Pernelet-Joly, chef de l’unité d’évaluation des risques liés à l’air à l’Anses. Non seulement son pollen est très allergisant mais il est aussi foisonnant, un seul pied pouvant produire 100 millions à 3 milliards de grains de pollen.
De plus, apparue en France dans les années cinquante, l’ambroisie « est en pleine progression sur le territoire depuis 2005 », indique le rapport. Le foyer principal se situe actuellement dans les vallées du Rhône et de la Loire et en Centre-Val de Loire mais on observe une expansion récente en Poitou-Charentes, Midi-Pyrénées, Bourgogne Franche-Comté, et en Auvergne. Cette progression pourrait se doubler dans les années à venir d’une augmentation du potentiel allergisant de l’ambroisie, le changement climatique semblant booster les capacités de production de pollen de la plante.
Cette évolution « nous inquiète pour l’avenir », alerte Valérie Pernelet-Joly et la situation « pourrait devenir très problématique si ce que l’on observe en région Rhône-Alpes s’observe à l’échelle française ».
Une allergie « particulièrement invalidante »
Le rapport de l’Anses pointe d’ores et déjà une réalité sanitaire et économique non négligeable avec une prévalence nationale de l’allergie à l’ambroisie estimée entre 1,7 et 5,4 % et des coûts annuels chiffrés « entre 59 et 186 millions d’euros par an pour la consommation de soins et de médicaments, 10 et 30 millions pour les pertes de production (arrêts de travail) et 346 et 438 millions pour la perte de qualité de vie des personnes allergiques », résume Thomas Bayeux, économiste à l’Anses. « L’allergie à l’ambroisie est particulièrement invalidante », insiste Valérie Pernelet-Joly.
Face à ce constat, l’Anses plaide pour la mise en place d’actions concertées de lutte à l’échelle locale, pour freiner la propagation de l’ambroisie, y compris dans les zones encore peu concernées.
Une saisonnalité évocatrice
L’Agence souligne également l’importance d’optimiser la surveillance des pollens d’ambroisie et de « sensibiliser le grand public et les professionnels de santé à l’importance de leurs effets sur la santé ».
Globalement le tableau clinique est assez proche des autres pollinoses avec une symptomatologie principalement à type de conjonctivite et de rhinite allergique. En revanche la période de pollinisation — et donc d’apparition des symptômes est très caractéristique allant de mi-août à mi-octobre.
« Quand on voit un patient avec des symptômes de type rhinopharyngé ou oculaire à cette période de l’année, cela doit faire tilt et faire évoquer une pollinose à l’ambroisie, invite Valérie Pernelet-Joly Il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès du réseau de surveillance aérobiologique pour savoir si l’on est en période pollinique, quel est l’état dans sa région, etc. »
Si le réflexe semble acquis dans les zones très touchées par l’ambroisie, la propagation actuelle de la plante plaide pour une prise en compte plus systématique notamment dans les zones de front où elle commence à s’implanter (Charentes, Côte-d’Or, Gard par exemple).
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