Quoiqu’exceptionnel, l’asthme d’orage est bien documenté : il est lié à l’éclatement des grains de pollens gorgés d’eau en de multiples particules submicroniques très allergisantes du fait d’orages violents et particulièrement chargés en électricité. Les pollens ainsi fragmentés franchissent alors sans encombre le filtre que constitue le nez et pénètrent encore plus profondément dans l’arbre bronchique.
Des conditions de survenues spécifiques
Pour que le risque de violentes crises d’asthme soit majoré, plusieurs conditions doivent donc être réunies : une saison pollinique qui bat son plein, ce qui est le cas ces derniers jours avec un niveau record de pollens de graminées combiné à la floraison des pollens d’herbacés (Réseau national de surveillance aérobiologique), et des phénomènes orageux très violents et répétitifs, ce qui est le cas au printemps et en début d’été.
De manière systématique, une augmentation du nombre de passages aux urgences est alors constatée, pour des crises d’asthme chez les personnes allergiques aux pollens et asthmatiques ou pour bronchospasmes et augmentation de la sévérité des symptômes. La pollution environnementale (atmosphérique mais aussi intérieure) accroît le risque de crises d’asthme d’orage ; la double toxicité - chimique et mécanique - favorisant la pénétration des particules de pollens loin dans l’arbre bronchique.
Ces crises d’asthme reçues aux urgences ne sont pourtant que la partie émergée de l’iceberg, note le Dr Mathieu Larrousse, pneumologue (Toulon) et secrétaire général de la FMC de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et une partie des patients asthmatiques constateront à cette occasion une majoration de leurs symptômes et consommeront plus de bronchodilatateurs de secours et d’antihistaminiques. Cependant, « la plupart du temps, ces crises d’asthme d’orage sont assez violentes et répondent assez mal aux bronchodilatateurs de courte durée d’action. Si la consommation atteint 8 bouffées dans l’heure, il ne faut pas hésiter à appeler les services d’urgence. »
Adapter le traitement en période à risque
Afin de prévenir ces crises d’asthme d’orage et, de manière générale, tout au long de l’année, le patient allergique devrait connaître ses facteurs déclenchants (carte allergique, périodes à risque vis-à-vis des allergies…) et les indications à majorer son traitement. « Tout patient asthmatique allergique devrait connaître son plan d’action personnalisé à appliquer en cas de risque accru de crise d’asthme, précise Mathieu Larrousse. Cela pourrait probablement éviter une majorité des recours aux services d’urgence pour ces crises d’asthme et en particulier d’orage. »
En anticipation de ce phénomène allergique, le pneumologue conseille une majoration du traitement de fond en période « à risque », ainsi que la détermination d’un seuil d’alerte individualisé à partir duquel le patient pourra doubler voire tripler les doses du traitement de secours et devra consulter. Et lorsqu’une violente crise d’asthme survient malgré tout, il recommande de donner des bronchodilatateurs de courte durée d’action à forte dose (quitte à les délivrer à haute dose en chambre d’inhalation), de doubler le traitement de fond inhalé de manière à récupérer le contrôle sur l’inflammation des bronches (au minimum 1 mois, en général) et, selon les critères de sévérité, de recourir à une cure courte de corticoïdes (3-5 jours).
Quant aux crises d’asthme d’orage survenant chez des patients officiellement non asthmatiques, le pneumologue reste sceptique : « il s’agit très probablement d’asthmatiques qui s’ignorent, chez qui la recherche du diagnostic n’est pas allée plus loin qu’une allergie aux pollens, par exemple. C’est alors l’occasion d’un bilan respiratoire et l’élaboration d’un plan d’action pour éviter de se retrouver dans le même cas de figure ! »
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