En France, un accident vasculaire cérébral (AVC) survient toutes les 5 000 grossesses et un syndrome coronarien aigu (SCA) toutes les 23 000 grossesses, faisant de ces pathologies la première cause de mortalité maternelle en France, devant les suicides et les hémorragies. Si le risque absolu reste faible, cette estimation de Santé publique France (SPF) pointe les besoins de prévention, tant la survenue de ces pathologies chez les femmes enceintes relève de facteurs de risque modifiables.
Publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), cette étude porte sur les données du Système national des données de santé (SNDS) compilées par la cohorte Conception. Toutes les femmes âgées de 15 à 49 ans et ayant accouché en France entre 2010 et 2018 ont été incluses.
Sur la période, 1 261 AVC (sur 6 297 698 femmes ayant accouché sans antécédent d’AVC avant la grossesse) et 225 SCA (sur 6 298 967 femmes sans antécédent de SCA) ont été recensés, soit une incidence respective de 24,0 et 4,3 pour 100 000 personnes-années.
Pour les AVC, 42,9 % étaient ischémiques (10,3/100 000), 41,9 % hémorragiques (10,1/100 000) et 17,4 % des thromboses veineuses cérébrales (4,2/100 000). L’incidence globale, à 10,5/100 000 lors de la grossesse, était plus élevée pendant le péripartum (341,8/100 000) et le post-partum (81,1/100 000).
Pour le SCA, 52,8 % étaient des SCA ST + et 47,1 % (n = 106) des SCA ST-, soit une incidence globalement similaire (2,3 et 2,1/100 000). Là encore, l’incidence, à 0,3 pour 100 000 lors de la grossesse, était plus élevée pendant le péripartum et le post-partum.
Le niveau socio-économique des femmes influençait l’incidence, cette dernière étant plus élevée chez les femmes bénéficiant de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUc) (29,6 versus 22,8/100 000 pour les AVC). Cette tendance est « observée pour les AVC ischémiques et les TVC, mais pas pour les AVC hémorragiques », est-il relevé. Pour le SCA, l’écart est plus marqué, avec une incidence près de deux fois plus élevée chez les bénéficiaires de la CMUc.
Des facteurs de risque modifiables
Par ailleurs, les facteurs de risques cardiovasculaires, tels que le diabète, l’obésité, l’hypertension chronique et le tabagisme, ainsi que les malformations cardiaques étaient plus fréquemment observés chez les femmes ayant présenté un SCA ou un AVC. « Les désordres hypertensifs de la grossesse étaient particulièrement fréquents chez les femmes avec un AVC (24,7 %) et, dans une moindre mesure, chez les femmes avec un SCA (14,2 %) comparativement aux femmes n’ayant pas eu d’AVC ou de SCA », est-il relevé.
Plusieurs facteurs sont également indépendamment associés à la survenue d’un AVC pendant la grossesse. À côté de l’âge, le tabagisme et l’hypertension artérielle chronique sont ainsi associés aux AVC ischémiques et hémorragiques. Et « seuls les désordres hypertensifs de la grossesse étaient significativement associés aux trois types d’AVC », lit-on. Pour les TVC, seuls l’obésité et les désordres hypertensifs étaient associés de façon indépendante à leur survenue.
Pour le SCA, les facteurs de risque étaient les mêmes que ceux associés à l’AVC ischémique : âge maternel, faible niveau socio-économique, obésité, tabac, HTA chronique et désordres hypertensifs de la grossesse, « avec peu de variabilité des facteurs en fonction du type de SCA ».
En dehors de l’âge maternel, la plupart des risques relèvent de facteurs cardiovasculaires classiques (obésité, tabac notamment), ce qui met en évidence « la nécessité de conduire des campagnes de prévention, y compris chez les femmes jeunes pour réduire l’incidence de ces pathologies », insistent les auteurs. Et la marge d’amélioration des indicateurs apparaît importante. Pour le seul tabac, la prévalence pendant la grossesse est estimée à plus de 12 % au troisième trimestre.
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