Dans la révolution de la prévention promise par le président Macron, la rentrée de septembre devait marquer un tournant : mise à disposition tambour battant du Beyfortus (nirsévimab) en prophylaxie de la bronchiolite dès le 15 du même mois, lancement de la vaccination anti-papillomavirus (HPV) dans les collèges pour les classes de 5e et consultations aux âges clés de la vie.
À peine lancée, la campagne Beyfortus, une première au monde, a eu du plomb dans l'aile, victime de son succès. Cet anticorps monoclonal pour l'immunisation contre le virus de la bronchiolite (lire page 63) devait pouvoir être proposé à tous les nourrissons dans leur première saison épidémique dans l'espoir de ne pas revivre l'épidémie catastrophique de l'hiver passé avec saturation des services d'urgences pédiatriques.
Mais un engouement plus fort qu'anticipé a pris de court les décideurs. Près de 200 000 doses avaient été commandées par le gouvernement qui avait tablé sur un taux d'adhésion à 30 %, quand les sociétés savantes prédisaient 10 %. Dans les faits, 60 à 80 % des parents des nourrissons éligibles ont été demandeurs.
Quinze jours après le top départ, les doses à 50 mg pour les moins de cinq kilos ont été réservées aux maternités avant que l'ensemble des doses ne le soient aux nourrissons les plus à risque.
Le ministre de la Santé a annoncé fin novembre avoir pu commander aux partenaires Sanofi-AstraZeneca des doses supplémentaires de Beyfortus (30 000 doses de 50 mg et 20 000 doses de 100 mg). Il ne s'agit néanmoins pas de rouvrir le circuit de réapprovisionnement mais d'honorer les commandes faites en septembre par les pharmacies. Les groupes pharmaceutiques ajoutent qu'il ne faut pas s'attendre à un nouveau complément de commandes début 2024.
Faire preuve de ténacité pour le vaccin anti-HPV
Pour la campagne de vaccination anti-HPV, l'objectif de cette première édition était de protéger à partir d'octobre au moins 30 % de l'ensemble des filles et garçons en classe de 5e, au nombre de 800 000 (public et privé sous contrat).
« Je pense qu'on n'y sera pas », a reconnu le ministre Aurélien Rousseau début novembre. Le déploiement, avec les ARS à la manœuvre, se révèle variable d'un territoire à l'autre, le taux d'adhésion étant très fort en Bretagne, mais de 8 % à 35 % selon les collèges en Seine-Saint-Denis.
Le ministre de la Santé espérait début novembre que quelque 150 000 élèves de 5e pourront être vaccinés à deux doses cette année scolaire, tout en estimant qu'il faudra faire preuve de « ténacité », indiquant avoir eu à cette date 150 000 retours, dont « 50 000 refus et 100 000 acceptations ».
Quant aux consultations aux trois âges clés de la vie, à 25 ans, 45 ans et 65 ans, dont le déploiement était prévu dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2023, la mise en œuvre avance à tâtons. À la rentrée, il était annoncé un lancement dans un premier temps pour les 45-50 ans dès l'automne. Ce bilan de prévention, réalisé avec un professionnel de santé (médecin, infirmier, sage-femme, pharmacien), accessible gratuitement et sans avance de frais, devait être généralisé aux personnes de 20 ans et de 60 ans en 2024.
Au final, seule est affichée une expérimentation pilote dans la région Hauts-de-France pour 2023, « à destination des personnes âgées entre 45 et 50 ans entre octobre et décembre », sur le site du ministère. « Dès janvier 2024, Mon bilan prévention sera généralisé sur l’ensemble du territoire » non plus à trois âges de la vie mais à quatre, « entre 18 et 25 ans (inclus), 45 et 50 ans, 60 et 65 ans et 70 et 75 ans ».
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