1 056. Tel est le nombre d’intoxications aux produits de lutte contre les punaises de lit enregistré entre 2007 et 2021 par les Centres antipoison. C’est ce que rapporte l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) le 21 décembre.
L’exposition aux punaises de lit – capables de se transmettre facilement via des vêtements, lors de voyages, d’achats de seconde main, etc. – apparaît relativement fréquente. Et ce, en particulier depuis la fin des années 2010. « Une étude Ipsos estime que 7 % des Français auraient été touchés entre 2016 et 2020 », indique l’Anses.
Des parasites « particulièrement tenaces »
Or l’infestation par ces parasites apparaît délétère. Certes, « les punaises de lit ne transmettent pas de maladie », rassure l’Anses. Cependant, la piqûre de ces insectes hématophages nocturnes peut provoquer, outre des démangeaisons et parfois des réactions allergiques, des « conséquences psychologiques » importantes, souligne l’instance.
D’autant que les punaises de lit restent difficiles à éradiquer. D’abord car elles prolifèrent à grande vitesse. « Une femelle pond 5 à 15 œufs par jour », précise l’Anses. Et car ces parasites apparaissent particulièrement robustes. Cachés dans les lits (matelas et sommiers), les sols (plinthes), les murs et plafonds (prises électriques, fissures, etc.), « leur espérance de vie peut dépasser un an sans nourriture », rapporte l’agence. Ainsi, certains se tournent vers des insecticides.
Problème : ces produits se révèlent « inefficaces » et surtout dangereux. En effet, au regard des données recensées par les Centres antipoison entre 1999 et 2021, l’Anses estime que depuis un premier accident d’exposition aux insecticides anti-punaises de lit en 2007, 1 056 cas d’intoxication ont été recensés.
Un cas pédiatrique mortel
Et les intoxications semblaient, avant la crise sanitaire, « en constante augmentation », déplore l’Anses. De fait, la fréquence des accidents de ce type est passée de moins de 10 cas par an avant 2010à plus de 50 cas entre 2015 et 2016, voire à plus de 150 accidents annuels depuis 2018. À noter qu’en 2020 et 2021, les intoxications semblent en léger recul, probablement en lien avec la pandémie, « qui a entraîné un ralentissement, voire un arrêt des déplacements touristiques (…), vecteurs de propagation », analyse l’Anses.
En termes cliniques, l’intoxication s’avère symptomatique à plus de 75 %. « Il s’agissait principalement de symptômes ORL et des voies respiratoires, de symptômes cutanés, ou encore de céphalées, vertiges et douleurs abdominales », résume l’Anses. Et certains cas se révèlent graves. En effet, ont été enregistrées 12 intoxications sévères, avec pour certaines des complications cardiaques. Cinq concernaient des enfants, dont un a trouvé la mort.
Produits interdits
Certains accidents relèvent d’un mésusage d’insecticides de la famille des pyrèthres ou des pyréthrinoïdes. « Une utilisation massive (manifestement supérieure aux recommandations d’utilisation) ou répété était rapportée dans 10,8 % des cas », déplore l’Anses. Certains produits s’avèrent interdits, à l’instar du dichlorvos, du malathion, du phosphure d’aluminium (mis en cause dans le cas d’intoxication mortelle) ou de la roténone.
Mais respecter les consignes d’utilisation ne garantirait pas non plus une sécurité absolue. Ainsi, lors des intoxications indirectes (liée à une réentrée trop précoce sur un lieu traité), près de la moitié des patients rapportent avoir « respecté le délai de réentrée prescrit ».
Des complications psychiques
Au-delà des intoxications, l’Anses alerte sur les conséquences à long terme de l’utilisation d’insecticides. « Chez quelques patients venus consulter (…) à la suite de l’appel au Centre antipoison, des conséquences psychiques ont été constatées », indique l’agence, évoquant des troubles du sommeil, un « état d’alerte permanente favorisé parfois par l’odeur persistante du produit utilisé » ou encore une « crainte obsédante de la réinfestation ».
Au total, l’Anses conseille d’autres techniques d’éradication. À savoir le nettoyage de toutes les surfaces à l’aide d’un aspirateur, le lavage en machine des vêtements et linge de maison à plus de 55 °C (ou mise au congélateur à - 17 °C pendant au moins 72 heures), et l’utilisation de vapeur sèche à haute température dans les recoins et sur les tissus d’ameublement. « En cas d’échec, il est recommandé de contacter un spécialiste de la lutte antiparasitaire plutôt que d’appliquer soi-même les produits insecticides. »
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