Près de 80 % de la population française a reçu une primo-vaccination complète. Plus de 59 % d'entre eux ont reçu une dose de rappel. Les Français se sont inquiétés de la sécurité de ces vaccins, explique l'une des rapporteures parlementaires de l'Opecst, qui a organisé une table ronde le 24 mai intitulée "Déclaration, analyse et communication autour des effets indésirables des vaccins contre la Covid-19". D'où une enquête par des auditions d'une cinquantaine d'experts concernés par la campagne de vaccination. La commission cherche à répondre aux questions suivantes qui ont préoccupé les Français. Pourquoi ces vaccins ont-ils suscité de l'inquiétude ? Outre le fait qu'ils ont été mis en place très rapidement en un an, la technologie de l'ARN messager était nouvelle. Ensuite, les indications suite à des effets indésirables avérés ont évolué au fur et à mesure tandis que la durée d'efficacité des vaccins était limitée dans le temps. Une kyrielle d'acteurs ont répondu sur le sujet des effets indésirables des vaccins lors de ces deux tables rondes.
Des anticorps à prendre en compte collectivement
Le Pr Alain Fischer favorable à la vaccination et par ailleurs président du Comité d'orientation de la stratégie vaccinale relève qu'à l'échelle de l'individu, les anticorps n'ont pas d'intérêt. Ces derniers doivent être pris en compte dans le cadre d'études cliniques avec un grand nombre de patients où « on a des données statistiquement puissantes ». Interrogé sur le niveau de surveillance, le professeur raconte qu'il ne s'est jamais exercé à un niveau aussi puissant, aussi bien en France, en Europe et même au niveau mondial dans les pays développés (États-Unis, Australie, etc.). « Une masse d'informations sur les vaccins est recueillie tous les jours dans ces pays », rassure-t-il. Pour appuyer sa démonstration, il explique qu'un nombre de morts ont été évitées. À l'échelle mondiale, selon le professeur, il y a eu environ 17 à 18 millions de morts, près de 150 000 décès et 800 000 hospitalisations en France. Il met en avant la transparence mise en œuvre dès le début de la pandémie dans les essais cliniques. « Très tôt on a su qu'il y avait un risque faible de choc anaphylactique de l'ordre de 1 % pour 100 000 personnes pour les vaccins ARNm ».
AstraZeneca, contre-effet négatif
Concernant les vaccins AstraZeneca et les accidents thromboemboliques, l'alerte a été déclenchée au niveau européen alors qu'il y avait un nombre de cas extrêmement limités selon M. Fischer. Et d'ajouter : « Il y a eu en France une quarantaine de cas qui ont été rendus publics immédiatement presque en flot continu. » La transparence totale selon lui a eu pour conséquence un contre-effet négatif. Enfin, les myocardites touchent plutôt les jeunes hommes avec la seconde dose de vaccin ARM et plutôt avec Moderna. Et sur l'incidence des effets indésirables, le Pr Fischer évalue à un nombre de 75 décès dans le mois qui suit la vaccination. Et de commenter : « Est-ce que ces personnes meurent à cause de la vaccination ou alors devaient-elles de toute façon mourir de telle ou telle étiologie ? Il faut faire très attention à ne pas confondre la concomitance et le lien de cause à effet, qui risque de multiplier les cas et de parvenir à des chiffres astronomiques, ce qui n'aurait aucun sens en termes de mortalité ou de complications de tous genres. »
Une communication déloyale
Comme une réponse au Pr Fischer, le Pr. François Alla, professeur de santé publique à l’Université de Bordeaux a émis des critiques sur la communication sur les effets indésirables qui « n'a pas été loyale ». Et d'enfoncer le clou : « Elle ne permettait pas un consentement libre et éclairé, comme l'exige le code de la santé publique. Cette communication ne pouvait être qu'inadaptée car elle était au service d'une stratégie inadaptée. Nous avons mis en place une stratégie collective de masse. Mais les vaccins ne permettent que de ralentir l'infection, pas de l'arrêter, mais seulement de réduire les formes graves du Covid. »
La pire couverture vaccinale européenne des plus de 80 ans
Selon le Pr Alla, ce sont les populations à risque qu'il fallait cibler en priorité, soit les personnes les plus en passe de formes graves de par leur âge, leur état de santé ou la combinaison des deux. Et d'expliquer : « On a clairement fait l'inverse en vaccinant tous azimuts la population générale au détriment de ceux qui en avaient le plus besoin. Par nature, une mesure universelle est génératrice d'inégalités. » Dans les statistiques selon le Pr Alla, ce sont bien les personnes les plus vulnérables, à savoir les plus âgées, handicapées, qui sont aujourd'hui les moins vaccinées. Le pendant de la meilleure couverture vaccinale d'Europe est celui de la pire couverture vaccinale chez les plus de 80 ans, selon le Pr Alla, qui avance un autre argument, celui de la médico-économie, qui ne serait pas viable à l'heure où les professionnels de santé sursollicités par la vaccination sont trop peu nombreux pour répondre aux autres besoins de la population.
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