En mars dernier, lors des premières Assises nationales de lutte contre les dérives sectaires,Agnès Firmin Le Bodo avait annoncé le lancement d’un comité d’appui pour l’encadrement des pratiques de soins non conventionnelles en santé (PNCS). Composé d’experts, il aura vocation à s’ouvrir aux acteurs associatifs ou à des collectifs de citoyens, expliquait-elle à l’époque.
Le 28 juin dernier, la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé a installé ce comité d’appui avec une première réunion. Elle réunissait notamment les différents ordres des professions de santé, l'ANSM, la HAS, des associations de patients et soins de support dans le domaine de la lutte contre le cancer, la Miviludes, l’Unadfi (Union nationale des associations de défense des familles et de l'individu victimes de sectes), le collectif No Fakemed, l’A-MCA (agence des médecines complémentaires adaptées) ou encore le Collège universitaire de médecines intégratives et complémentaires (Cumic) représenté par le Pr Nizard.
Une définition ardue
L’objet de la première réunion était de lancer le groupe de travail. Un ancien membre des groupes d’appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique est aussi venu décrire le travail mené à l’époque. Ces groupes créés en 2009 ont été supprimés par décret en 2015. Dans l’esprit, ils avaient un peu le même but que le comité d’aujourd’hui ; celui de créer de la connaissance sur ces sujets pour aider à la décision politique.
Trois axes de travail ont été fixés au comité d’appui. Il doit mettre en œuvre une évaluation de ces pratiques pour en proposer une cartographie et une classification. Le deuxième axe est celui de l’analyse des formations à ces pratiques. Enfin le dernier axe doit permettre de comprendre pourquoi les patients ont recours à ces pratiques, comme ils y sont exposés etc.
Pour le Dr Pierre de Bremond d’Ars, président du collectif No Fakemed, le chantier qui s’ouvre est conséquent. « Déjà sur la définition de ces pratiques, explique-t-il, car on ne parle pas tous de la même chose ».
Avec son collectif, le généraliste sait aussi que le travail de cartographie est compliqué à mettre en œuvre. « Nous avons essayé d’en mener une partie, et nous nous sommes rendu compte que le temps que l’on fasse une présentation, la pratique a déjà évolué ou d’autres formes ont émergé ». Pour lui, il s’agira donc plus de mener un travail d’inventaire qu’une cartographie exhaustive.
Des acteurs avec des conflits d'intérêts ?
Cette première réunion a permis de constater qu’il y avait un alignement de la majorité de la profession sur cette question des PNCS. « Il y a une prise de conscience des dangers. La volonté de limiter les risques le plus possible semble être, si ce n’est consensuel, au moins majoritaire », estime-t-il.
Malgré tout, le président de No Fakemed émet quelques réserves sur les futurs travaux du comité d’appui. « On ne va pas assez loin. Il n’y a pas d’études prévues des mouvements financiers, de partenariats, de subvention, alors qu’ils sont massifs », évoque-t-il notamment.
Le généraliste s’interroge aussi sur la présence dans le comité de personnes « dont le cœur de métier est de créer des formations à ces pratiques-là et de les promouvoir ». « Si jamais nous devons travailler sur un modèle de commission de transparence, nous attendons une déclaration des liens d’intérêts et qu’en cas de conflits, les personnes se déportent. Mais pour l’instant cela n’a pas été évoqué ».
Une deuxième réunion du comité est prévue fin septembre. Et le ministère attend un premier point d’étape début 2024.
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