Combien gagnent la ministre de la Santé, le directeur général de l’assurance-maladie ou encore le patron de la Haute autorité de santé ? Faut-il dévoiler ces salaires au nom de la transparence de la vie publique ? La question s’est de nouveau posée il y a quelques jours en pleine crise des Gilets jaunes.
Début janvier, Chantal Jouanno est vivement critiquée pour son salaire (près de 14 368 euros par mois soit 172 425 euros par an en 2018), jugée illégitime et incompatible avec l’organisation du grand débat dont elle est chargée en tant que présidente de la commission nationale du débat public. Elle finira par y renoncer. Mais la polémique sur la (juste ?) rémunération des grands commis de l’État est relancée.
À quelques exceptions près, les émoluments des hauts fonctionnaires sont tenus secrets. Depuis peu, la loi introduit cependant un peu plus de transparence en imposant la publication des salaires des dirigeants des 26 autorités indépendantes. Les chiffres figurent dans un document annexe au projet de loi de finance 2019.
210 197 euros pour la HAS, 119 280 euros pour la ministre
On y découvre ainsi que le Défenseur des droits, Jacques Toubon, percevra 160 101 euros brut en 2019. À la tête de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk (1) touchera 223 419 euros brut et Dominique Le Guludec, patronne de la HAS (Haute autorité de santé) 210 197 euros bruts. Le président de l’AMF (Autorité des marchés financiers) est le mieux rémunéré de ces dirigeants avec des revenus annuels de 238 973 euros bruts.
Après une révision à la baisse sous le gouvernement Hollande, le salaire de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, est beaucoup plus modeste : 9 940 euros bruts (soit 119 280 euros par an), auxquels il faut ajouter divers avantages (voiture de fonction avec un chauffeur, quota de déplacements en avion, accès gratuit au réseau SNCF, et éventuellement un logement de fonction).
Ping-pong entre le ministère et les agences
La transparence sur les salaires ne va guère plus loin. Contactées à plusieurs reprises par « Le Quotidien », les agences sanitaires (ANSM, Santé Publique France, ANSES (2)) taisent ceux de leur dirigeant. Elles renvoient la balle au ministère de la Santé chargé de fixer ces rémunérations en concertation avec le ministère du Budget... qui leur renvoie la balle à son tour.
Ainsi, le cabinet d'Agnès Buzyn encourage les agences à divulguer ces informations, leur laissant toute liberté de communiquer sur le sujet. Ce que l’ANSM de Dominique Martin est prête à faire… à condition que « cette démarche [soit] réalisée en concertation avec le ministère et les autres agences », nous dit-on. Le jeu de cache-cache peut continuer longtemps...
La réponse de l’assurance-maladie est plus tranchée : le montant de la rémunération du directeur général de la CNAM (Nicolas Revel), « est une information individuelle qui n’est pas publiée et n’a pas vocation à être rendue publique », répond son service de communication.
Finalement, le Conseil de l’Ordre des médecins (organisme de droit privé chargé d’une mission de service public), affiche davantage de transparence sur le sujet. Invité à un Live chat par « le Quotidien », son président, le Dr Patrick Bouet, révélait ainsi qu’il percevait 480 euros par jour à titre d’indemnisation.
(1) Et non Olivier Gupta (directeur général de l'ASN) comme écrit par erreur.
(2) L'ANSES indique que la rémunération de son dirigeant est transmis à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique mais que cette information n'est pas rendue publique.
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