La tuberculose revient en Ile-de-France. Alors que le taux de déclaration diminuait depuis 2000, jusqu'à se stabiliser entre 2011 et 2014, Santé publique France observe une augmentation de 8,2 % entre 2015 et 2017. Le taux de déclaration est ainsi passé de 14,6/100 000 habitants (1 758 cas déclarés) en 2015, à 15,8/105 (1 927 cas déclarés) en 2017, rapporte l'étude* de Pauline Mathieu et al. publiée dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». Tous les départements franciliens ont franchi le seuil de 10 cas de tuberculose/105 habitants en 2017. Une première depuis une décennie.
Le département le plus touché est la Seine-Saint-Denis avec un taux de déclaration de 26,5/105 habitants en 2017, en raison de la concentration plus élevée de groupes de population à risque et des conditions de vie difficiles, avancent les auteurs ; mais c'est Paris qui accuse la plus forte augmentation, passant d'un taux d'incidence de 13,5/105 en 2015 à 16,8/105 en 2017.
L'étude se fonde sur les déclarations obligatoires de tuberculose maladie, collectées et gérées par l'agence régionale de santé (ARS) en lien avec le centre de lutte antituberculeuse (CLAT). Les cas déclarés sont ceux présentant des signes cliniques et/ou radiologiques compatibles avec une tuberculose, s'accompagnant d'une décision de traitement antituberculeux standard.
C'est majoritairement dans un contexte de recours spontané aux soins par les patients que le diagnostic est posé (pour 81 % des cas). L'enquête autour d'un cas et le dépistage permettent de dépister entre 4 à 6 % patients.
Les formes pulmonaires représentent près de 70 % des cas, soit 1 333 cas en 2017 ; cette même année, 46 cas présentant une localisation méningée étaient signalés ; et 57 affichaient une forme miliaire. Trois enfants de moins de 15 ans étaient victimes de ces formes graves.
Migrations et précarité
Plus largement, une tuberculose a été diagnostiquée chez deux fois plus d'hommes que de femmes, en particulier entre 15 à 24 ans, âge à risque de passage entre tuberculose latente et maladie.
Les personnes nées à l'étranger représentent en 2017 plus de 70 % des cas déclarés (en augmentation de 16 % depuis 2015), « probablement en lien avec la vague migratoire de 2015 », lit-on. Sont surtout concernés les natifs d'Afrique subsaharienne et d'Afrique du Nord, et d'Asie. Et les étrangers arrivés ces deux dernières années sur le territoire français (la proportion de nouveaux cas chez ces derniers a augmenté de 23 % à 32 % entre 2015 et 2017).
Des centaines de cas de tuberculose ont été aussi signalées chez les personnes fréquentant les centres d'hébergements collectifs (plus de 370 cas), ou les sans domicile fixe (160 cas), avec une sur-représentation de personnes nées à l'étranger, et récemment arrivées.
Selon les auteurs, ces personnes présentent un risque élevé de contracter la tuberculose dans leur pays d'origine, s'ils viennent d'une région à haute endémie ; ou peuvent la développer, après l'avoir portée sous une forme latente, sur le territoire français sous l'effet de conditions de vie précaires et insalubres. La contamination peut aussi survenir lors du parcours migratoire ou après l'arrivée en France, est-il précisé.
Santé publique France préconise la mise en œuvre d'actions spécifiques - notamment de dépistage - auprès des migrants originaires des régions à haute incidence tuberculeuse et récemment arrivés, tout en les inscrivant dans une stratégie globale et renforcée de promotion de la santé des groupes sociaux les plus précaires.
* P.Mathieu et al., Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 14,256, 2019.
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